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Ukraine : une députée française souhaite la reconnaissance de l'Holodomor, famine provoquée par Staline, comme un "crime contre l'humanité"

Anne Genetet, élue des Français de l'étranger, a déposé une proposition de résolution pour que soit officiellement reconnue la tragédie de la Grande Famine de 1932-1933 en Ukraine.

Article rédigé par franceinfo
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Le mémorial de l'Holodomor à Kiev (Ukraine), le 27 novembre 2022. (ANDRE LUIS ALVES / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le gouvernement français va-t-il officiellement reconnaître l'Holodomor comme un "crime contre l'humanité" ? C'est le souhait d'Anne Genetet, députée (Renaissance) des Français de l'étranger, qui a déposé un projet de résolution en ce sens, vendredi 25 novembre. Cette grande famine, provoquée par Joseph Staline en 1932 et 1933, a provoqué la mort de quatre millions de personnes dans les campagnes ukrainiennes, afin de mater la résistance aux collectivisations forcées.

>> Guerre en Ukraine : comment la mémoire de l'Holodomor, cette famine provoquée par Staline, a façonné l'identité ukrainienne

"Je suis allée plusieurs fois en Ukraine depuis 2017, et c'est un sujet qui arrive très vite dans les conversations, explique l'élue à franceinfo. J'ai donc pu mesurer, depuis plusieurs années, que ce sujet était très sensible dans la communauté ukrainienne." Fin septembre, Anne Genetet s'était rendue à Kiev dans le cadre d'une délégation parlementaire emmenée par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Le président "Volodymyr Zelensky nous a précisément demandé de reconnaître l'Holodomor", poursuit-elle, ajoutant que le président du Parlement ukrainien, Rouslan Stefantchouk, avait également lancé un appel en ce sens à la communauté internationale.

Le texte, toutefois, n'évoque pas le terme "génocide", comme le souhaitent les autorités ukrainiennes. "Historiquement, la famine était destinée à détruire la paysannerie. Elle n'était pas liée à un groupe ethnique, les Ukrainiens, mais à une situation sociale", justifie Anne Genetet, qui dit avoir pris conseil auprès d'une historienne spécialisée. "Ce contexte historique ne rentrait pas dans le cadre de la définition internationale d'un génocide. Il faut rester factuel pour rester crédible."

"Obtenir une signature transpartisane"

La question de classer l'Holodomor parmi les génocides fait débat parmi les experts. Nicolas Werth, grand spécialiste de la question, estime que cette famine a un caractère génocidaire, en raison de ses spécificités. Il cite par exemple l'interdiction faite aux paysans de trouver refuge dans les villes, en janvier 1933.

Anne Genetet espère désormais "obtenir une signature transpartisane, sur un arc républicain". L'élue espère notamment un débat, pourquoi pas à l'occasion du premier anniversaire de l'invasion russe, le 24 février. A ce jour, une vingtaine de pays ont adopté des lois mémorielles condamnant cette tragédie.

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