Reportage Guerre en Ukraine : "On aurait dû le faire depuis longtemps", pour les Ukrainiens, l'utilisation d'armes occidentales contre les Russes est une évidence

Kiev réclame de pouvoir utiliser des armes occidentales pour frapper le territoire russe. Ses alliés sont divisés sur la question. Les Ukrainiens, eux, attendent ce feu vert avec impatience.
Article rédigé par Virginie Pironon, Jérémy Tuil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les funérailles de Valentin, un Ukrainien de 54 ans, à Myrotské, au nord est de Kiev, le 29 mai 2024. (VIRGINIE PIRONON - FRANCEINFO - RADIOFRANCE)

Faut-il laisser l’Ukraine attaquer la Russie avec des armes occidentales ? Le fait que Kiev puisse utiliser des armes données par un autre pays pour frapper le territoire russe fait débat parmi ses alliés. Pendant ce temps, l’Ukraine continue à essuyer des pertes importantes sur le front. Franceinfo a assisté mercredi 29 mai aux funérailles d’un soldat ukrainien, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Kiev.

La cérémonie d’adieu a lieu dans la cour de la maison du défunt, Valentin, 54 ans. La seule église du village de Myrotské, 1 500 habitants, est d’obédience pro russe. Une chose inacceptable pour la famille qui a fait venir le prêtre de la ville voisine Borodianka, Dmitro Kochka. "Pourquoi meurent ces enfants ? Pourquoi meurent ces soldats ? Nous demandons à Dieu une victoire rapide, le bonheur, la paix, le calme et l’indépendance. Nous demandons à vivre, ici, dans notre Patrie, l’Ukraine", lance le prêtre.

Besoin des armes occidentales

En retrait devant le cercueil recouvert de roses, Alla est de la famille du défunt, porté disparu sur le front depuis plusieurs semaines. "Nous espérons vraiment que les pays occidentaux vont nous soutenir, car nous voulons que cette guerre se termine. Nous voulons que nos enfants soient heureux", confie-t-elle. Tatiana, elle, a du mal à parler. Elle vient de perdre son fils dans cette guerre, il y a deux mois.

"Je ressens de la haine envers les Russes, de tous les pores de mon corps."

Tatiana

à franceinfo

"Mon fils avait 31 ans, il voulait aider, il a lui-même choisi d’aller sur le front. C’est très difficile, car maintenant, la seule façon de le voir, c’est sur sa tombe. Et j’attends encore le retour de mon mari", confie Tatiana. À la cérémonie, beaucoup de militaires, comme Alexandre, ne comprennent pas que la question de l’utilisation des armes occidentales par l’Ukraine sur le territoire russe puisse encore se poser. "Nous aurions dû commencer à le faire depuis longtemps", lâche Alexandre.

"Ce sont des missiles qui frappent le pays, sous les yeux du monde entier, et nous, on n’aurait pas le droit d’utiliser les armes qu’on nous donne ? Les pays occidentaux ont peur. C’est vrai, c’est une grande responsabilité. Les pays de l’Union européenne pourraient être touchés à leur tour."

Alexandre, militaire ukrainien

à franceinfo

Le prêtre du village, rattaché à au Patriarcat de Moscou était également présent lors de la cérémonie. "Ces gens-là n’ont aucune honte", souffle un proche de la famille.

Des funérailles à Myrotské, au nord est de Kiev, le 29 mai 2024.
Des funérailles à Myrotské, au nord est de Kiev, le 29 mai 2024. Des funérailles à Myrotské, au nord est de Kiev, le 29 mai 2024. (VIRGINIE PIRONON - FRANCEINFO - RADIOFRANCE)

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