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Reportage Guerre en Ukraine : à l'hôpital de Mykolaïv, les blessés racontent des attaques qui ne "visent pas les militaires" mais "les civils"

franceinfo a pu visiter l'hôpital civil de cette ville dans la région d'Odessa, où les blessés racontent leurs histoires et les attaques des Russes. "Tu ne sais même pas où t'enfuir, c'est terrible."

Article rédigé par Vanessa Descouraux - Marc Garvenes
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un soldat ukrainien est soigné à l'hôpital central de Mykolaïv, dans l'ouest de l'Ukraine. (BULENT KILIC / AFP)

Dans la ville de Mykolaïv, à 120 kilomètres d’Odessa et de son port essentiel pour l’économie ukrainienne, les forces russes continuent de progresser, aprsè plus de semaines de guerre en Ukraine. Impossible d’avoir un bilan des victimes, qu’elles soient civiles ou militaires, tant l’Ukraine verrouille sa communication. Impossible aussi de visiter l'hôpital militaire de Mykolaïv, comme s'il fallait cacher les soldats blessés. Quant à l'hôpital civil de la ville, il faut bien entendu obtenir le le feu vert de l’administration de la ville pour s'y rendre et c’est sous bonne escorte des autorités que la visite se déroule, vendredi 11 mars.

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Anna y partage une chambre avec deux autres patientes. Cette assistante maternelle a été opérée à l’épaule et est également blessée plus légèrement à la jambe. Elle était en voiture pour rejoindre un orphelinat sur le point de déménager lorsque, venus de nulle part, elle tombe nez à nez avec des soldats russes allongés sur le sol. Trois des cinq passagers de la voiture sont morts. "Ils ont tiré plusieurs fois sur la voiture, elle a pris feu ensuite, raconte Anna. Ils ont ouvert la porte violemment, nous ont demandé de mettre les genoux à terre. Nos téléphones ont été confisqués. Nous avons vu une femme mal en point dans la voiture, elle était déjà morte."

"On est rentrés à Mykolaïv à pied. Sur la route les roquettes volaient, on entendait le bruit des explosions."

Anna, habitante de Mykolaïv

à franceinfo

Dans le lit voisin, Léana, la quarantaine, raconte elle aussi avoir été prise pour cible en voiture. Elle allait faire ses courses avec l’un de ses fils. Elle a fuit devant la pluie de roquettes qui tombait sur son trajet et c'est en courant qu'elle a été touchée à la jambe. "Je pense que ce sont des bêtes, confie Léana, en cherchant ses mots, même pas des animaux, parce que les animaux sont plus... Je ne sais pas comment les qualifier. Ils ne visent pas les militaires, ils visent les civils."

"Le plus terrible c'est que tu ne sais jamais où ça va tomber. Tu ne sais même pas où t'enfuir, c'est terrible."

Léana, habitante de Mykolaïv

à franceinfo

Le docteur Alexander Cherukov dirige ce département de chirurgie. Il y a encore des lits dans son service, mais il se demande jusqu’à quand. Il détaille les opérations que son service pratique depuis plusieurs jours : "On a beaucoup de blessures avec tout type de munitions. Nous avons des fractures et des amputations à pratiquer. On enlève aussi beaucoup d'éclats d'obus, de métal, des balles, et des éclats de mine aussi."

Vendredi 11 mars, les autorités de Mykolaïv ont affirmé que des soldats russes avaient empêché une femme de se rendre à la maternité. Elles l'auraient menacée avec une arme, l'obligeant à rebrousser chemin pour donner naissance à son fils.

A Mykolaïv, les blessés racontent des attaques qui ne "visent pas les militaires" mais "les civils" - le reportage de Vanessa Descouraux et Marc Garvenes

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