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Guerre en Ukraine : en frappant Kiev et Lviv, la Russie vise "la machine de guerre" ukrainienne, analyse un expert militaire

Selon Michel Goya, ancien colonel et docteur en histoire, l'armée russe ne cherche pas à faire diversion de l'offensive dans le Donbass mais à empêcher l'arrivée de "l'aide occidentale".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des fumées noires aperçues depuis le centre-ville de Lviv, à l'Ouest de l'Ukraine, après un bombardement, lundi 18 avril 2022. (YURIY DYACHYSHYN / AFP)

En frappant l'Ouest de l'Ukraine, à Lviv, et une usine militaire près de Kiev, au nord, lundi 18 avril, alors qu'elle semblait concentrer ses forces à l'est et dans le Donbass, la Russie essaie "d'entraver tout le fonctionnement de la machine de guerre" ukrainienne, analyse sur franceinfo Michel Goya, colonel à la retraite et docteur en histoire. Selon lui, Mosou veut couper les "mouvements arrière", dont la livraison des équipements militaires, des combattants sur le front.

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franceinfo : Pourquoi la Russie frappe-t-elle Lviv ou Kiev alors qu'elle a dit vouloir se concentrer sur le Donbass ?

Michel Goya : Cette campagne de frappes sur tout le territoire n'a pas de lien direct avec la campagne et les opérations terrestres, notamment dans le Donbass. C'est quelque chose à part qui a lieu depuis le début et qui consiste à frapper toutes les cibles qui paraissent d'intérêt militaire, c'est-à-dire des infrastructures particulières, des réseaux ou des objectifs purement militaires. L'idée est d'essayer de paralyser ou d'entraver en tout cas tout le fonctionnement de la machine de guerre en arrière du front principal.

Ce faisant, la Russie cherche-t-elle à faire diversion ou à gagner du temps ?

Non. Les Russes ont commencé les opérations principales dans la région du Donbass, ils envoient leurs forces au fur et à mesure qu'elles sont récupérées. Ça progresse peu, c'est vrai, mais ce n'est pas forcément un moyen de détourner l'attention.

Le plus étonnant, en réalité, c'est que les Russes ne l'aient pas fait plus tôt, qu'ils n'aient pas fait une série de frappes massives dès le début du conflit pour essayer d'empêcher toute l'aide occidentale, toute l'aide matérielle qui arrive, d'arriver jusqu'aux forces ukrainiennes.

Michel Goya

à franceinfo

Ils font ça de manière dispersée. On a toujours une certaine difficulté à comprendre quelle est la logique derrière. C'est un peu erratique mais ça reste toujours une campagne destinée à entraver tous les mouvements arrière et notamment tous les mouvements qui passent par la voie ferrée, les équipements lourds qu'on commence à envoyer au profit de l'armée ukrainienne. L'idée c'est d'essayer de couper cela des troupes qui sont en première ligne.

La prise du Donbass peut-elle être rapide ?

Ça paraît compliqué. Les forces russes progressent très lentement. La ville de Kramatorsk, Sloviansk, et d'autres petites villes qui sont associées, forment une sorte de conurbation, très solidement défendue. Si l'objectif est de conquérir tout le Donbass, il faudra conquérir toutes ces villes, or ça signifie une deuxième bataille de Marioupol pratiquement. En revanche, il est probable que Marioupol sera prise dans les jours qui viennent. Au début de la campagne, la bataille se tenait sur l'équivalent en superficie de Paris et de sa proche banlieue. Maintenant, la résistance ukrainienne est concentrée sur un ou deux arrondissements. Il ne reste probablement que quelques jours voire une semaine de résistance. L'issue est inéluctable.

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