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Faillite, divisions... Les défis de l'après-Ianoukovitch en Ukraine

La fin du régime de Viktor Ianoukovitch n'a pas apaisé les inquiétudes des Occidentaux qui craignent désormais une partition du pays, une période potentiellement dangereuse d'instabilité politique et une réaction imprévisible de la Russie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants sur la place de l'Indépendance à Kiev (Ukraine), le 23 février 2014. (BULENT KILIC / AFP)

Après trois mois de manifestations, l'ex-opposition est désormais au travail. Le Parlement ukrainien doit se réunir lundi 24 février au matin, en vue de former un nouveau gouvernement dans les 48 heures. Dimanche, conformément à la Constitution, son président Olexandre Tourtchinov, un proche de l'opposante Ioulia Timochenko, a été élu à une très large majorité chef d'Etat par intérim par les députés.

La haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, est attendue à Kiev lundi, où elle devrait rencontrer les "principaux acteurs" et "discuter du soutien de l'Union européenne à une solution durable à la crise politique, ainsi que de mesures pour stabiliser la situation économique" du pays. Retour sur les événements de dimanche, premier jour de l'après-Ianoukovitch en Ukraine.

Ianoukovitch laché par son parti

Viktor Ianoukovitch, qui avait refusé samedi de démissionner et dénoncé un "coup d'Etat", a été lâché dimanche par son propre parti, le Parti des régions. "L'Ukraine a été trahie, les Ukrainiens dressés les uns contre les autres", a dénoncé le parti dans un communiqué. Viktor Ianoukovitch est "responsable des événements tragiques" en Ukraine de la semaine, affirme-t-il. On ignore où se trouve l'ex-président, qui aurait tenté en vain de fuir en Russie samedi en corrompant des gardes-frontières, selon le président par interim.

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Des députés ont tapé du poing sur la table lors d'une session au Parlement dimanche pour exiger de savoir où il se trouve, sans obtenir de réponse dans l'immédiat. Pour l'heure, l'ex-président ne fait l'objet d'aucune poursuite officielle.

Des documents potentiellement explosifs détaillant un système de pots-de-vin organisé et une liste de journalistes à surveiller ont par ailleurs été découverts dans la résidence de Viktor Ianoukovitch en banlieue de Kiev.

Calme précaire à Kiev

Dimanche, le centre de Kiev, avait renoué avec un semblant de normalité. Profitant du calme revenu, des dizaines de milliers de personnes, familles avec jeunes enfants, sympathisants émus ou simples curieux, se sont pressés au centre-ville pour observer de leurs propres yeux l'étrange décor de guérilla laissé par trois mois de crise aigüe.

Chargés de fleurs et armés d'appareils-photo, ils se recueillaient, inspectaient les imposantes barricades, les boucliers des défenseurs et les impacts de balles laissés par les violents affrontements de la semaine. Selon un nouveau bilan donné dimanche par le ministère de la Santé, les violences ont fait 82 morts depuis mardi.

Dans le même temps, le siège du Parti communiste, allié du parti de Viktor Ianoukovitch au Parlement, a été saccagé par des manifestants et les inscriptions "criminels", "assassins", "esclaves de Ianoukovitch" ont été taguées sur la façade du bâtiment. Quelques 40 statues de Lénine ont aussi été déboulonnées ou vandalisées depuis le début de la semaine, principalement dans l'est du pays, selon les médias ukrainiens.

Timochenko va rencontrer Merkel

Ioulia Timochenko, l'ex-égérie de la Révolution orange tout juste sortie de prison, a fait savoir qu'elle rencontrerait "très prochainement" la chancelière allemande Angela Merkel. "Bienvenue dans la liberté", lui a lancé la chancelière, qui lui a également proposé de venir se soigner en Allemagne.

Elle a par ailleurs fait savoir dès dimanche, au lendemain de sa libération, qu'elle ne songeait pas mener le futur gouvernement.

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La menace de la faillite

Si l'extrême tension des derniers jours est retombée, les inquiétudes concernant ce pays de 46 millions d'habitants restent très vives à l'étranger. Il apparaît en effet à la fois profondément divisé et au bord de la faillite financière.

"L'Ukraine est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d'un défaut de paiement", a déclaré dimanche le président par intérim. "Le pouvoir [précédent] a conduit l'économie à la catastrophe. Il n'y a pas d'argent sur les comptes [publics] et vous voyez ce qui se passe avec la devise et le système bancaire", a déploré le président par interim.

Le sujet a été abordé lors de la réunion du G20 dimanche à Sydney. "Les Etats-Unis et d'autres pays sont prêts à aider l'Ukraine dans ses efforts de retour à la démocratie, à la stabilité et la croissance", a déclaré le secrétaire américain au Trésor.

L'intégrité territoriale en question

La communauté internationale a en outre clairement fait part de ses craintes que la crise n'ait encore creusé le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone. Cette tendance a elle-même été aggravée par le bras de fer auquel se sont livrés ces derniers mois la Russie et l'Union européenne autour du sort de ce pays charnière, que les deux entités souhaitent attirer au maximum dans leur aire d'influence. 

L'intégration européenne était "une priorité" pour l'Ukraine, a réaffirmé le chef de l'Etat par intérim. "Nous sommes prêts à un dialogue avec la Russie, en développant nos relations sur un pied d'égalité (...) et qui respecteront le choix européen de l'Ukraine", a assuré Olexandre Tourtchinov.

Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine sont tombés d'accord sur le fait que "l'Ukraine doit se doter rapidement d'un gouvernement en mesure d'agir et que l'intégrité territoriale doit être préservée", selon la chancellerie allemande. Une partition de l'Ukraine ou le "retour de la violence" ne sont dans l'intérêt ni de l'Ukraine, ni de la Russie, ni de l'UE ou des Etats-Unis, a renchéri la Maison Blanche.

A Sébastopol, ville du sud de l'Ukraine qui héberge la flotte russe de la mer Noire, quelque 10 000 personnes se sont rassemblées dimanche pour dénoncer à l'appel de mouvements pro-russes "les fascistes [qui] ont pris le pouvoir à Kiev".

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