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Visite de parlementaires français en Russie et en Crimée : la polémique en six actes

Cette visite, qui a débuté mercredi et doit se finir samedi, fait polémique en France et en Ukraine car la Crimée a été annexée par Moscou en mars 2014 après un référendum contesté et qualifié d'illégal par Kiev et les Occidentaux. 

Article rédigé par franceinfo
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Le porte-parole du Parlement de Crimée Vladimir Konstantinov avec le député français Thierry Mariani (Les Républicains), à Simféropol (Crimée), le 23 juillet 2015. (MAX VETROV / AFP)

"Le programme, c'est Moscou, Yalta, Simféropol. Un jour à Moscou, deux jours en Crimée." Une petite dizaine de députés français, pour la plupart membres des Républicains, participent à un déplacement de trois jours en Russie et en Crimée.

Cette visite fait polémique en France et en Ukraine car la Crimée a été annexée par Moscou en mars 2014 après un référendum contesté et qualifié d'illégal par Kiev et les Occidentaux. L'Union européenne a même pris des sanctions qui interdisent, notamment, les activités touristiques en Crimée. Retour sur cette polémique en six actes.

Acte 1 : les parlementaires annoncent leur visite

Le député des Français de l'étranger Thierry Mariani (Les Républicains) annonce ce voyage mardi 21 juillet. Le groupe comprend aussi les députés (LR) Claude Goasgen, Patrice Verchère, Jacques Myard, Sauveur Gandolfi-Scheit, Marie-Christine Dalloz, ainsi que le député radical Jérôme Lambert et le sénateur UDI Yves Pozzo di Borgo.

Acte 2 : Laurent Fabius se dit "choqué" par ce voyage

Mercredi, Laurent Fabius critique cette visite devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, réunie à huis clos. "J'y suis hostile et opposé", commente le chef de la diplomatie française, qui se dit aussi "choqué". Ce déplacement comporte, selon lui, "un risque d'instrumentalisation" et constitue "une violation du droit international" puisque "entrer en Crimée sans l'autorisation des autorités ukrainiennes c'est, de fait, reconnaître les prétentions russes"

Acte 3 : "Nous sommes des parlementaires libres", rétorquent les élus

Thierry Mariani répond rapidement à ces remontrances. "Nous sommes des parlementaires libres. Nous avons rempli toutes les obligations préalables", se justifie-t-il, au nom du groupe. A Moscou, les parlementaires s'entretiennent notamment avec le président de la Douma (chambre basse russe). Puis, s'adressant au président du Parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov, Thierry Mariani défend l'annexion de la Crimée par la Russie. Il le félicite pour l'organisation du référendum ayant précédé cette annexion, qui aurait, selon lui, permis à la péninsule d'éviter de "tristes événements".

Acte 4 : le socialiste Bruno Le Roux enfonce le clou

Vendredi matin, Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, fait part de son indignation. "C'est une soumission et une honte pour le Parlement français", déclare sur France Info cet élu, qui figure parmi 89 personnalités européennes interdites d'accès en Russie par Moscou en riposte aux sanctions économiques appliquées par l'UE. "Je regrette que ces parlementaires financés par une association russe se soient rendus en Crimée. Je note qu'il n'y a aucun député socialiste dans cette délégation et je m'en félicite", poursuit-il.

Acte 5 : un sénateur UDI tweete des photos comme si de rien n'était

Les sermons de Bruno Le Roux n'intimident pas Yves Pozzo di Borgo. Le sénateur (UDI) de Paris tweete de nombreuses photos de son déplacement, qui peut s'apparenter à des vacances sur bien des points. "La Côte d'Azur ou la Crimée ?", peut-on notamment lire. 

Plus gênant, relève Le Parisien.fr, une chaîne de télévision s'amuse quand elle repère le sénateur centriste en train de poser avec un tee-shirt à l'effigie des présidents russe et américain, sur lequel est écrit : "Obama, espèce de gros naze." 

Il n'est pas le seul à se prêter au jeu des photographes : à leur arrivée en Crimée, à Yalta, jeudi soir, les parlementaires se sont offert un bain de foule sous les flashes. 

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Acte 6 : l'ambassade ukrainienne fait part de son indignation

Le même jour, l'ambassadeur d'Ukraine à Paris manifeste son "indignation" face à la visite de ces parlementaires français en Crimée. "Vous n'avez même pas informé la partie ukrainienne en décidant d'y entrer illégalement depuis Moscou", écrit Oleg Shamshur à Thierry Mariani. La visite est, selon lui, "entièrement organisée et contrôlée par les autorités russes. Vous et vos collègues seront utilisés pour mettre en œuvre les tentatives du Kremlin de légitimer l'annexion de la Crimée". 

Pour l'ambassadeur, cet déplacement représente "une violation directe de la législation ukrainienne et du droit international" et "un manque de respect à la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

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