Cet article date de plus de deux ans.

"C’est juste un moyen pour se protéger": la Lituanie construit un mur sur sa frontière avec la Biélorussie

La Lituanie a refoulé l’essentiel des demandeurs d'asile qu'a précipité à sa porte la Biélorussie frontalière. Un mur est en construction sur les 700 kilomètres qui séparent les deux pays, alors qu'Emmanuel Macron reçoit mercredi à Tourcoing les ministres de l’Intérieur des membres de l’Union européenne.

Article rédigé par franceinfo - Thibault Lefèvre et Christophe Papon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, le 21 janvier 2022. (PETRAS MALUKAS / AFP)

N’appelez surtout pas cela un "mur: "Non, ce n’est pas un mur hermétique, c’est juste un moyen pour se protéger, c’est une barrière", insiste le superviseur lituanien du chantier, à la frontière avec la Biélorussie. La clôture métallique de quatre mètres de haut, s’étend aujourd’hui sur 120 kilomètres. Quelque 600 ouvriers sont mobilisés pour terminer sa construction d’ici la rentrée, en septembre, alors que se réunissent mercredi 2 février à Tourcoing, à l'invitation de la France, les ministres de l'Intérieur des États membre de l'Union européenne. Avec, au menu, les questions migratoires et la réforme de l’espace Schengen.

"Une barrière physique"

L’été dernier, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a organisé une vague migratoire sans précédent en Pologne et en Lituanie. Du jamais vu pour la petite République balte qui a dû gérer seule, l’arrivée de plus de 4 000 demandeurs d’asile. Depuis, Vilnius a refoulé l’essentiel de ces migrants bafouant ainsi la Convention de Genève. Et initie la construction d'un mur. "Une barrière physique", donc, selon les éléments de langage des autorités lituaniennes, répétés par le superviseur du chantier.

"Ce sont des barbelés avec des fils tranchants, des fils rasoirs, pour que les migrants en situation irrégulière, qui viennent d’en face, ne puisse pas passer."

Le superviseur du chantier

à franceinfo

 "C’est un projet d’intérêt national et c’est un honneur d’y contribuer, poursuit-il. C’est même plus qu’un projet, c’est un devoir." Un devoir qu’il partage désormais, avec les centaines de policiers, de soldats et de garde-frontières lituaniens, comme Donatas, qui dirige une équipe d’une soixantaine d’hommes qui n’ont jamais été aussi bien équipés…"Nous avons des véhicules, des thermoviseurs portables et des équipements de vision de nuit, décrit-il. Il faut maintenant que l’on s’équipe de système de vidéosurveillance, pour que nous puissions enregistrer les images quand il y a des violations de la frontière." Des caméras sont en cours d’installation, intégralement financées par l’Union européenne.

Le mur est loin de faire l'unanimité dans l'Union

Puisqu'il est loin de faire l'unanimité parmi les 27 États membres de l'Union européenne, pas question en revanche de participer à la construction d’un "mur", ou à tout le moins de le nommer ainsi pour Arnoldas Abramavičius, le vice-ministre de l’Intérieur lituanien : "Ne soyez pas naïf, la situation géopolitique nous oblige à changer notre approche sur la manière de gérer les frontières. L’Union européenne doit faire face à une nouvelle réalité." Ce qui ne change pas en revanche, ce sont les tentatives de traversées de la frontière… Malgré le nouveau dispositif de protection, depuis trois mois, 45 migrants et demandeurs d’asile ont été aidés ou recueillis par les ONG locales…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.