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A une semaine du scrutin, les trois obstacles qui menacent l'élection présidentielle ukrainienne

Francetv info revient sur les raisons de craindre un scrutin pour le moins troublé.

Article rédigé par franceinfo
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Des hommes en arme gardent l'entrée de la salle dans laquelle le Premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk, Aleksandr Borodai, donne une conférence de presse, samedi 17 mai 2014.  (NATALIA SELIVERSTOVA / RIA NOVSTI)

L'organisation de la présidentielle en Ukraine le 25 mai est loin d'être assurée. A huit jours d'un scrutin présenté comme vital par les Occidentaux, le gouvernement de Kiev semble toujours dans l'incapacité de juguler l'insurrection séparatiste qui a gagné une grande partie de l'est du pays. 

Dans ce contexte, francetv info revient sur les raisons de craindre un scrutin pour le moins troublé.

Parce que les pro-russes veulent empêcher le scrutin

Les autorités autoproclamées de Donetsk et de Louhansk, deux bastions séparatistes de l'est du pays, ont été claires : après avoir proclamé leur "souveraineté" à la suite des référendums d'indépendance, les chefs rebelles à la tête de ces régions ont aussitôt annoncé que l'élection présidentielle n'y serait pas organisée le 25 mai, comme l'exige Kiev. 

Samedi, la Commission électorale s'est ainsi dite incapable de préparer et d'organiser le scrutin dans de nombreuses parties des régions de Donetsk et de Louhansk. Dans un communiqué, l'institution a cité plusieurs cas d'antennes locales où la sécurité de ses fonctionnaires n'est pas assurée. Elle fait état de cas de "menaces et de pressions physiques contre les membres des commissions électorales". "Il se peut qu'il y ait des opérations de sabotages menées par des séparatistes russes ou d'autres personnes qui essaieraient d'influencer ou d'empêcher le scruter", a reconnu Galyna Yanchenko, politicien du parti de l'alliance démocratique, cité par le Washington Post (en anglais). 

Au total, selon un comptage de l'AFP à partir des chiffres officiels d'électeurs enregistrés dans ces commissions, près de deux millions d'électeurs, sur les 36 millions du corps électoral ukrainien, pourraient être empêchés de voter. Par ailleurs, selon un sondage récent, un tiers seulement des électeurs de l'Est se disent prêts à voter. Or, pour asseoir sa légitimité, il est indispensable que le nouveau président élu le soit par l'ensemble du pays, a encore souligné mercredi un rapport de l'International Crisis Group (en anglais). Un objectif compliqué dès lors que les chefs séparatistes de la région ont annoncé dès lundi 12 mai que l'élection présidentielle prévue le 25 mai en Ukraine n'aurait "pas lieu", notamment dans la "république populaire de Donetsk".

Parce que le gouvernement et les rebelles ne discutent pas

Incapables de reprendre militairement le contrôle des régions de Donetsk et de Lougansk, le gouvernement intérimaire tente depuis peu une nouvelle approche : il organise des "tables rondes" pour renouer les fils du dialogue avec les Ukrainiens de l'est. Des réunions pour le moins peu concluantes : la première table ronde organisée mercredi à Kiev a vite tourné au dialogue de sourds.

 

Samedi, les principaux ministres du gouvernement, deux ex-présidents ukrainiens, des parlementaires et des dignitaires religieux, se sont donc retrouvés samedi à Kharkiv, dans l'est du pays. Problème : les séparatistes n'étaient pas représentés à cette table ronde. Si des personnalités politiques qui prônent une collaboration étroite avec Moscou, étaient certes présentes, leur voix ne porte pas jusqu'à Donetsk et Louhansk où les séparatistes les plus convaincus les considèrent comme des "traîtres."

Et pour cause, tant que les forces de Kiev sont dans la région, le gouvernement de la République de Donetsk ne discutera pas avec Kiev, a indiqué samedi le Premier ministre de cette république autoproclamée, Aleksandr Borodai, cité par Russia Today (en anglais). 

 Parce que Kiev est incapable de reprendre la main sur l'est 

Impossible d'organiser des élections sans reprise du contrôle par Kiev de ces bastions séparatistes. Or, l'opération qui y est menée depuis un mois par l'armée ukrainienne est un échec. Dernières preuves de l'impuissance de Kiev : les gardes-frontières ont dû relâcher Valéri Bolotov, un chef séparatiste de Louhansk qu'ils venaient d'arrêter après avoir essuyé l'assaut à coups de grenades de dizaines de séparatistes. 

Parallèlement, la Russie a appelé Kiev à mettre fin à l'opération de l'armée ukrainienne dans l'Est, accusant les militaires d'avoir recours à l'artillerie contre la ville de Slaviansk, un bastion des insurgés pro-russes. "On peut se demander si le déroulement d'élections au son des canons est conforme aux normes démocratiques d'un processus électoral", a ironisé le ministère russe des Affaires étrangères.

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