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L’économie irlandaise, prête à sortir de son marasme

Classée dans les Piigs (Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne), mauvais élèves de la zone euro, l’Irlande a frôlé la faillite en 2008. Mais à la différence des autres pays jugés encore fragiles, elle pourrait redresser plus vite la barre, portée par ses exportations et ses gains de productivité.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Dublin : Pedestains walk pass a closed store advertising a sale in Dublin on December 6, 2011. Ireland faced a new 3.8-billion-euro austerity budget on December 6, with Prime Minister Enda Kenny warning of painful economic hardship to come as he laid bare the state of the eurozone nation's woes. (AFP PHOTO / PETER MUHLY)

L’économie irlandaise s'est illustrée au milieu des années 1990 en s’ouvrant aux investissements étrangers. Sa recette : un environnement fiscal très favorable aux entreprises, susceptible d’attirer les étrangers, et un coût de la main d'œuvre intéressant pour doper la compétitivité.

A cette époque, elle devient la plaque tournante du commerce entre les Etats-Unis – où sa diaspora compte 40 millions de personnes – et l’Europe continentale.

Les années 2000 sont couronnées par un succès économique éclatant, avec un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de plus de 10% en 2000 et quasiment le plein emploi. La verte Erin se transforme en Tigre celtique.
 

Michael O'Leary, le patron de Ryanair, lors d'une conférence de presse à Marignane, le 26 juillet 2011. La compagnie aérienne à bas coûts est un symbole du dynamisme irlandais des années 2000. (AFP PHOTO BERTRAND LANGLOIS)


Les domaines traditionnels comme la pêche ou le bois cèdent le pas
Bien qu’en perte de vitesse, l'agriculture reste un secteur dynamique. En 1999, 11,8% de la population active travaille dans l'agro-alimentaire, secteur qui représente 10% des exportations.

C'est l'époque où l'Irlande opère sa mue et joue un rôle majeur sur les marchés mondiaux de l’industrie pharmaceutique ou chimique, de l’informatique, du hi-tech, des télécommunications, ou encore des télé-services pour l'Europe…

Les capitaux étrangers affluent : 50% de sa production industrielle et 75% de ses exportations industrielles proviennent des entreprises étrangères sur son territoire (on en compte un millier en 2012).

Coup de tonnerre dans un ciel serein
Mais en 2008, la récession (recul du PIB pendant au moins deux trimestres consécutifs) donne un sérieux coup de frein à l’économie. Dublin affiche un déficit public abyssal dû au naufrage du secteur bancaire irlandais et à une spéculation immobilière débridée.

Dès juillet, le gouvernement irlandais prend ses premières mesures d'austérité suivies, en 2009, par deux autres trains de réformes. Nouveau tour de vis en novembre 2010 après le versement d’un plan de sauvetage de l’Union européenne et du FMI de 85 milliards d'euros. Et pour finir, un 7e plan de rigueur fin 2011, pour une bonne cure de rigueur sur le budget 2012.

Les régulateurs européens applaudissent des deux mains cette politique de réduction des dépenses, alors que les analystes s'inquiètent des coupes budgétaires réduisant les capacités de croissance.


Les sacrifices s'intensifient dans une Irlande frappée par la crise


Euronews, le 6 décembre 2011


S’en suivent trois années noires pour 4,4 millions d’Irlandais
Les salaires chutent de 13% et l’éclatement de la bulle immobilière fait s’effondrer les prix de la pierre de 50% en valeur, provoquant des destructions massives d’emplois dans le secteur de la construction. Le chômage se hisse aux premiers rangs du classement européen (3,6% début 2001, 13,4% en 2010 et 14% en 2012).

Bien que la croissance reparte légèrement à la hausse (0,7%) en 2011, tirée par la bonne tenue de son commerce extérieur, le pays renoue avec la récession au 4e trimestre. Et donc avec la crainte d’un nouveau ralentissement en 2012, alors que Dublin table sur une croissance de 1,3%.

L'espoir est permis
Tant que la très libérale Irlande comptera sur ses exportations –  160 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat, l’équivalent de son PIB – pour soutenir l’économie, elle restera étroitement liée au sort du reste de la zone euro.

Cela étant, si l'économie détruit encore des emplois, elle en crée aussi grâce au faible taux d'imposition sur les sociétés (12,5% contre 33% en France), une compétitivité en partie retrouvée, une main d'œuvre flexible et qualifiée (jeunes, nombreux et éduqués). Et un environnement anglophone où la bureaucratie appartient au passé.

Et signe des temps meilleurs, l’Irlande refuse toute nouvelle aide du FMI ou de l’UE et demande la renégociation de sa dette. Histoire de retrouver au plus vite sa souveraineté budgétaire.

Quant aux Irlandais, qui épargnent beaucoup et consomment peu, certains optimistes (lien en anglais) soulignent que la situation était bien pire jusque dans les années 80. Dublin devra à l'avenir leur redonner confiance pour relancer une consommation en berne.

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