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La Suède réinstalle des troupes en mer Baltique

202 ans sans connaître de conflit. La Suède peut être fière de sa politique de neutralité. La fin de la Guerre froide a même été marquée par une réduction drastique de l’effort militaire. Mais aujourd’hui, l’attitude du puissant voisin russe inquiète, au point que le pays remilitarise au pas de charge. Ainsi, l’armée a fait sa réapparition sur l’île de Gotland, au cœur de la mer Baltique.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Bâtiment de la marine suédoise (Reuters)

C’est la plus grande île de la Baltique, véritable porte-avions entre les côtes suédoises et Lettones, au beau milieu de la mer Baltique. Il y a dix ans, la dernière caserne était fermée, illustrant l’euphorie régnante depuis la fin de la Guerre froide.
Ainsi, en 25 ans, le nombre de bataillons combattants de l’armée suédoise est passé de 116 à 7, avec seulement 20.000 soldats. Le nombre d’avions de combat a aussi été réduit à 150 contre 400 en 1990. Enfin, le service militaire a été supprimé en 2010, marquant le sommet de cette volonté de démilitarisation. 



Une période révolue pour la Suède qui aujourd’hui installe un petit contingent de 150 hommes sur l’île de Gotland.
«La situation autour de nous a empiré avec le temps et cela fait que j'ai décidé, concernant notre présence permanente, d'installer plus tôt que prévu le groupe de combattants», a déclaré Micael Byden, le chef d’état-major des armées. «Nous ne voyons pas de menace d’invasion», a précisé Peter Hultqvist le ministre de la Défense, «nous marquons la souveraineté suédoise».

Adhésion à l'Otan? 
Toujours officiellement neutre, la Suède se veut moins angélique. En 2014, Sverker Goranson, alors chef d’état-major, avait réveillé le pays, annonçant qu’en cas d’agression, même limitée, la Suède «ne pourrait se défendre qu’une seule semaine». L’attitude de la Russie notamment en Ukraine a aussi relancé le débat sur la participation de la Suède à l’Otan. De plus, le traité de Lisbonne de l’Union européenne prévoit une assistance à toute agression d’un pays voisin membre de l’Union.
 
«Il faut être en mesure de défendre le pays afin d’empêcher son utilisation par un agresseur. C’est surtout vrai pour l’île de Gotland, qui joue un rôle géographiquement déterminant dans la Baltique», a écrit le capitaine de Vaisseau Lars Wedin de l’Académie royale de Marine suédoise.
 
Bien sûr, de façon très diplomatique, aucun agresseur potentiel n’est nommé. Le site très pro-Kremlin Spoutik s’en amuse, évoquant une certaine paranoïa de la part des Suédois: «Cette menace russe fantôme qui fait trembler la Suède.»
 
La part du budget dévolue aux dépenses militaires va aussi sensiblement augmenter, passant de 4,3 milliards d’euros à 5,2 milliards d’ici à 2020, soit une hausse de 16%. Dans ce budget, le renforcement de la défense de l’île de Gotland  apparaît comme une priorité.

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