L'ancien président de la Commission européenne estime que l'euro et l'Europe sont au bord du gouffre
Dans un entretien publié jeudi par le quotidien belge Le Soir et le journal suisse Le Temps, Jacques Delors estime que le sommet franco-allemand de mardi dernier n'a pas apporté les réponses nécessaires à la crise de la dette lorsqu'il a refusé de lancer des euro-obligations.
"Ouvrons les yeux : l'euro et l'Europe sont au bord du gouffre", dit-il.
"Et pour ne pas tomber, le choix me paraît simple : soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée, que j'ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l'Union. La seconde option étant refusée par une majorité des Vingt-sept, reste la première...", ajoute-t-il.
Commentant la proposition de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de créer un gouvernement économique de la zone euro, M. Delors affirme : "Tel quel, cela ne servira à rien. Le dialogue franco-allemand se poursuit et je m'en réjouis, mais Mme Merkel, une fois encore, n'a fait aucune concession sur le fond".
Le père de Martine Aubry propose de mutualiser partiellement les dettes des Etats jusqu'à hauteur de 60% de leur produit intérieur brut, le seuil maximal retenu dans le Traité de Maastricht pour la participation à la monnaie unique.
Ces euro-obligations sont, selon lui, indispensables. "Car si on ne le fait pas, les marchés continueront de douter", ajoute-t-il en estimant que "les dirigeants européens sont passés à côté des réalités".
"Comment peuvent-ils penser que les marchés vont croire aux promesses du sommet de la zone euro, le 21 juillet, s'il faut attendre la fin de septembre pour les transformer en actes ?", demande l'ancien président de la Commission européenne. Si la crise de la dette ne peut être résolue, l'Europe se délitera et deviendra un simple espace de libre-échange, ajoute-t-il.
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