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Haro sur l'industrie du tabac

Voilà longtemps que les industriels du tabac et les politiques européens jouaient en quelque sorte au chat et à la souris. Et je te soutiens la culture du tabac au nom du développement local et j’engage des fonds dans la lutte contre le cancer… Une espèce de grand écart européen qui semble sur le point de stopper.
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La cigarette à l'index... (ERIC FEFERBERG AFP PHOTO)

Pourquoi ? Parce que les politiques de santé publiques petit à petit s’imposent, même si ce n’est pas de la compétence directe de l’Union européenne et aussi parce que le lobbying des industriels du tabac dépasse les bornes. Trop c’est trop ont donc dit plusieurs députés européens, aidés en cela par la comédienne et écrivain, Pauline Delpech. Ils viennent de mettre en route un groupe de travail dédié directement à la lutte contre l’ingérence de l’industrie du tabac. Ingérence dans les politiques publiques, ingérence au Parlement européen. Le pilote de ce groupe de travail, le socialiste Gilles Pargneaux. Il répond au pourquoi de ce groupe de travail…


Il est vrai que l’industrie du tabac a déjà fait fort auprès des eurodéputés. Trop fort, sans doute. Lorsque le Parlement européen s’est penché sur l’étude de la nouvelle Directive tabac qui devait rendre les produits du tabac moins attrayants et se pencher aussi sur le dossier de la cigarette électronique, c’est un véritable feu d’artifice des lobbyistes auquel on a assisté. Déjeuner, petit déjeuner, dîner, invitations diverses et variées, dossiers, informations «utiles», liste de parlementaires amis ou liste noire des «ennemis», les modes d’action du lobbying de l’industrie du tabac ont été fort nombreux. Selon plusieurs parlementaires, rien que l’américain Philip Morris utilisait entre 160 et 200 lobbyistes avec à leur disposition un budget de près de 550.000 euros.

Et la Commission européenne qui est, faut-il le rappeler, à l’initiative des textes puis garante de la bonne application de ces mêmes textes s’est retrouvée bien empêtrée dans une affaire de «vraie fausse» mise en accusation du Commissaire chargé de la santé John Dalli. Je vous renvoie au travail de notre consœur Elise Lucet dont un numéro de Cash Investigation avait spectaculairement mis le doigt sur cette affaire.
 
Que peut faire ce groupe de travail
L’initiative de Gilles Pargneaux et de ces 6 partenaires reçoit semble-t-il un très bon écho. Près de 40 parlementaires seraient prêts à rejoindre le groupe et cela au-delà ou presque de tout effet partisan. Dans son interview, il nous a rappelé les grands objectifs du groupe mais attardons-nous sur deux points:

-L’attitude des institutions européennes. Le groupe de travail va devoir enquêter sur ce point. Car au-delà de l’affaire Dalli, la transparence totale n’est pas encore de mise. Le Médiateur européen s’en est ému en juillet 2014, car une série de réunions entre fonctionnaires européens et l’industrie du tabac n’ont pas été déclarées. De même, du côté du Parlement européen, il ne semble pas que toutes les rencontres aient été rendues publiques. Le groupe va donc chercher à garantir l’application de la Convention cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la lutte antitabac. Les politiques ne devant pas être influencées par des intérêts commerciaux.

-La lutte contre la fraude et le commerce illicite. La contrebande à l’aide de produits trafiqués et de mauvaise qualité serait une conséquence de cette lutte antitabac. Or, les chiffres semblent infirmer cette prise de position des fabricants. Les produits de contrebande seraient en fait leurs propres produits… Un vrai travail à creuser pour connaître l’origine exacte de ces produits et les canaux de circulation. Car s’il s’agit bien de produits d’origine, il faut bien qu’à un moment ils sortent des usines officielles de l’industrie du tabac…
 
Pour en savoir un peu plus… Et pour votre info, ça sort dans la presse ce mardi 17 mars…
 

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