Cet article date de plus de treize ans.

De violents heurts ont opposé policiers et manifestants sur un chantier du TGV Lyon-Turin dans le Val de Suse (nord)

Au moins 188 policiers et carabiniers et une quinzaine de manifestants ont été blessés au cours de ces affrontements qui ont duré deux heures.Plusieurs dizaines de milliers de personnes, selon les organisateurs, 6000, selon les forces de l'ordre, ont participé à une manifestation contre le TGV sur le chantier d'une "descenderie" à Chiomonte
Article rédigé par France2.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre le TGV Lyon-Turin à Susa (Italie) le 6 décembre 2008 (image d'archives) (AFP - Giuseppe Cacace)

Au moins 188 policiers et carabiniers et une quinzaine de manifestants ont été blessés au cours de ces affrontements qui ont duré deux heures.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes, selon les organisateurs, 6000, selon les forces de l'ordre, ont participé à une manifestation contre le TGV sur le chantier d'une "descenderie" à Chiomonte

Le chantier a commencé début juillet. Par mesure de sécurité, il avait été interrompu provisoirement. Lundi dernier, des échauffourées avaient déjà opposé policiers et manifestants "No Tav" ("non à la grande vitesse") dans cette vallée. Le projet suscite une forte opposition dans le Val de Suse.

En début d'après-midi dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont conflué vers le site pour le prendre d'assaut, notamment par l'arrière. Certains ont ouvert une brèche dans une première clôture, mais n'ont pu atteindre celle du chantier proprement dit, protégée par des policiers anti-émeute.

Des échauffourées, très dures, se sont déroulées pendant deux heures, avant que les manifestants les plus déterminés ne se dispersent. Cocktails Molotov, pierres, bouteilles remplies d'ammoniaque ont été lancés sur les forces de l'ordre qui répliquaient avec des grenades lacrymogènes, parfois tirées à hauteur d'homme.

Au moins cinq manifestants ont été arrêtés. Les forces de l'ordre ont dénoncé la présence de quelque 2000 militants d'extrême gauche, dont 800 venus de l'aile italienne la plus radicale et 300 venus de France, d'Espagne, d'Autriche et d'Allemagne. Elle a condamné la présence de "black blocks" (1), manifestants violents masqués infiltrés parmi eux.

Arrivés en aval du site, la grande majorité des "No Tav", accompagnés de 23 maires écharpe en Bandoulière, et parfois de leurs enfants, est restée très pacifique, même si des échauffourées ont également eu lieu dans cette zone. Le leader des "No Tav", Alberto Perino, a revendiqué la victoire de son mouvement: "Nous voulions prendre d'assaut le chantier, nous l'avons fait. Nous avons vaincu". "Nous savons qui utilise la violence en tirant des grandes lacrymogènes à hauteur d'homme", a-t-il remarqué. L'humoriste et alter-mondialiste Beppe Grillo a lancé aux protestataires: "Vous faites une révolution extraordinaire, vous êtes tous des héros".

Mais de nombreux hommes politiques italiens, du centre-droit de Silvio Berlusconi comme de la gauche modérée et des verts, ont condamné les violences des manifestants radicaux, rappelant que le projet ferroviaire vise à favoriser la circulation en Europe. Dans le quotidien Reppublica, le maire de gauche de Turin, Piero Fassino, a qualifié de "régression culturelle" le refus de "toute infrastructure moderne".

(1) Les "black blocks" sont apparus dans les années 80 lors des évacuations de squats politiques par les forces de l'ordre en Allemagne. Le terme "bloc" vient du bloc qu'ils forment tactiquement, "black" du noir de leurs tenues. Partisans de la violence, ils sont issus de la mouvance autonome et interviennent souvent lors des manifestations organisées lors de grandes réunions internationales. Comme lors du sommet de l'OTAN en avril 2009 à Strasbourg, marqué par de très violentes manifestations en périphérie de la ville.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.