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Dallas Beiling : du Sri-Lanka à la Savoie... sur un nuage

Pour les sites de traduction, le Sri Lanka est «l'île resplendissante» ou «l'île merveilleuse». Mais en 1972, pour Dallas Beiling, c'est surtout un pays dont il veut partir. A 21 ans, il a un objectif : découvrir la gastronomie française. Il le fera, comme il fondera une famille et deviendra un des personnages incontournables de son village d'adoption, Albiez-Montrond, en Savoie.
Article rédigé par Hervé Pozzo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dallas Beiling, originaire du Sri Lanka, est aujourd'hui directeur d'exploitation des remontées mécaniques d'Albiez-Montrond. L'ascension sociale n'a jamais aussi bien porté son nom. (FTV/HP)

Qu'on ne s'y trompe pas : des analogies existent entre Albiez-Montrond, France, et Colombo, Sri Lanka ! Quand le premier se trouvait sur la route Paris-Rome pendant des siècles, l'autre aura été un port réputé pour les marchands allant et venant entre l'Europe et l'Asie. Des lieux de passages obligés donc, mais aussi des périodes de migrations importantes. Et les similitudes de s'arrêter là.

Pendant près de deux siècles, jusque dans les années 70, le village savoyard voit sa population se réduire. A 11.000 kilomètres de là, au Sri Lanka, on assiste exactement à l'inverse. Car l'époque est au boom pétrolier et les pays du Golfe recrutent massivement des travailleurs.


1970 : Dallas Beiling se pique de cuisine. Et «parce que le Food and beverage manager voulait un employé sri lankais "à la peau plus blanche que la moyenne"», il est embauché comme serveur dans le premier hotel 5 étoiles du pays, L'Intercontinental. Il rencontre Rik, un jeune ressortissant belge. Une amitié naît, laquelle, il ne le sait pas encore, déterminera son avenir.


C'est en Suisse, à Zurich, qu'il atterrit en 1972. Il  séjourne quelques semaines en Belgique. Mais M.Beiling veut assouvir sa passion, la cuisine. «Pour cela il existait une référence mondiale : l'art de vivre à la Française... je voulais apprendre ça !»


Son visa de tourisme en poche, il entreprend une formation de chef-cuisinier. Un CAP proposé par un centre de formation pour adultes de Chambéry. Il l'obtiendra tout comme il parvient à se faire délivrer un titre de séjour de dix ans en arguant «qu'il est spécialisé en cuisine asiatique». On ne parle pas encore d'immigration choisie, mais M.Beling croit savoir que l'argument a facilité ses démarches.

Mais c'est bien le bœuf bourguignon ou la blanquette de veau qu'il veut préparer. Il est embauché comme chef dans un centre de vacances d'Albiez. Il pensait rester une saison... il s'y mariera (avec une Ardéchoise), y aura un fils (passionné-comme papa de géographie et professeur d'histoire-géo à Lyon), deviendra conseiller municipal et est aujourd'hui directeur d'exploitation des remontées mécaniques de la commune.


Devenu Français, intarrissable sur sa région et totalement impliqué, depuis longtemps, dans le développement d'Albiez-Monrond, celui que tout le monde appelle Dallas avec une certaine gourmandise entame sa quarantième saison à 1500 mètres d'altitude.


Aujourd'hui, il caresse le secret espoir d'aider le pays qui l'a vu naître, le lointain Sri Lanka. Il y est revenu, en touriste, à de nombreuses reprises. Il y a constaté que les ONG ne parvenaient pas toujours, par défaut de maîtrise de la langue et des codes du pays, à finaliser certains projets de reconstruction.

Se développer, développer... on ne peut être né en pays bouddhiste sans garder une certaine idée du nirvana.

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