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«Big Bazooka»

10 jours après l’élection d’Alexis Tsipras à la tête de la Grèce, la Banque Centrale Européenne coupe dans les crédits qui permettent à l’état de maintenir la tête hors de l’eau. Qu’aurait-on dit si la Fed avait fait la même chose le lendemain de l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche ?
Article rédigé par Véronique Auger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
 

Qu’on soit d’accord ou non avec le programme d’Alexis Tsipras, si l’on se dit démocrate, il faut accepter qu’il dirige la Grèce. Il a été élu avec une large majorité. Aucune contestation n’a été enregistrée sur la façon dont se sont déroulées les élections. Le peuple a décidé. C’est ainsi. Pourtant, en suspendant brutalement sa principale source de financement, la BCE agit comme si le nouveau Premier ministre n’était pas suffisamment légitime pour lui faire confiance. Comme si l’urgence était telle qu’on ne puisse lui donner ne serait-ce qu’un mois pour lui permettre de prendre conscience de la réalité économique de son pays et de son environnement européen ?

La zone euro semble le seul endroit au monde où des banquiers centraux peuvent remettre en question l’engagement pris par leur institution vis-à-vis de leur propre peuple. Imagineriez-vous la Fed décider de couper les crédits des Etats Unis simplement parce qu’Obama était démocrate et qu’elle préférait les Républicains ? Imagineriez-vous la Banque de France faire la même chose en 1981 au moment de l’élection de François Mitterrand ? Pourtant Dieu sait que les banquiers et milieux d’affaires mourraient de peur face à ce gouvernement composé de socialistes et surtout de communistes !

Mais peut-on vraiment s’étonner de cette politique de Gribouille d’une Banque chargée de gérer une zone dans laquelle on se marie pour le meilleur et jamais pour le pire ? Une zone de « No bail out » dans laquelle on édicte comme règle l’interdiction de venir au secours d’un autre état membre avec lequel on s’est pourtant marié ? Une zone dans laquelle des états ont la même monnaie mais sont incapables de s’entendre pour harmoniser leur fiscalité et synchroniser leurs dépenses budgétaires générant ainsi dumping fiscal et social ?

Tsipras et ses ministres auraient pu passer leurs 15 premiers jours à augmenter le smic, les pensions, re nationaliser les dernières entreprises privatisées et dire « F… » aux Européens. Ils se sont contentés de réintégrer dans la fonction publique quelques centaines de femmes de ménage puis, ils sont montés dans l’avion pour faire le tour des capitales, de la Commission et du Parlement européen. La preuve, comme l’a dit Martin Schulz le Président de Parlement européen, qu’ils veulent construire avec l’Europe et pas détruire.

Pendant ce temps, Vladimir Poutine ne perd pas le nord, lui. Il vient d’inviter le Premier ministre grec à Moscou le 9 mai. Le jour de la Journée de l’Europe.

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