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Catalogne : comment Carles Puigdemont a organisé son exil à Bruxelles

Selon "El Pais", le leader indépendantiste a étudié les hypothèses britannique, allemande et néerlandaise avant de s'envoler pour la capitale belge.

Article rédigé par franceinfo
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L'ex-président de la région de Catalogne, Carles Puigdemont, le 7 novembre 2017 à Bruxelles. (THIERRY MONASSE / DPA / AFP)

La fuite de Carles Puigdemont à Bruxelles fut quelque chose "d'aussi précipité qu'étudié", écrit El Pais. Le quotidien espagnol révèle que l'ex-président de la communauté autonome de Catalogne a choisi sa destination sur la foi d'un rapport listant les avantages et inconvénients de plusieurs points de chute. Ce rapport, rédigé par un juriste entre les 28 et 29 octobre à la demande de l'un des ex-ministres de Puigdemont, évaluait ainsi la possibilité de se rendre au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique, choix finalement effectué par le leader indépendantiste.

La Belgique offrait des garanties juridiques et politiques

Ce rapport soulignait que le Royaume-Uni était a priori la destination la moins favorable juridiquement. Le pays ne faisant pas partie de l'espace Schengen, Carles Puigdemont aurait été obligé de décliner son identité à la frontière. De plus, l'insularité du Royaume-Uni l'aurait empêché de s'y rendre en voiture, un moyen de transport initialement envisagé pour fuir.

Le rapport déconseillait également Puigdemont de se rendre en Allemagne, rappelant la décision du gouvernement Rajoy de ne pas extrader l'écrivain germano-turc Dogan Akhanli, réclamé par Ankara, et le risque que le gouvernement allemand ne fasse en retour une faveur à Madrid.

Les deux pays qui offraient le plus de garanties étaient les Pays-Bas et la Belgique, selon ce document, qui soulignait leur "tradition d'accueil". Mais ce sont bien les "raisons politiques", à savoir l'existence d'une communauté flamande sensible aux arguments des Catalans, qui ont fait pencher la balance en faveur de Bruxelles.

Une reddition organisée en lien avec le parquet belge

Le rapport a été remis le 29 octobre à Carles Puigdemont et à ses ministres. C'est ce jour-là que cinq d'entre eux ont pris la route en compagnie du président déchu pour rejoindre l'aéroport de Marseille, puis la Belgique, relate El Pais. Dès le 31 octobre, poursuit le journal, leurs avocats belges ont eu une réunion avec le parquet belge, lors de laquelle toute la suite des événements a été minutieusement planifiée.

Ont ainsi été déterminés l'heure et le commissariat dans lequel Puigdemont et les ex-ministres se rendraient une fois le mandat d'arrêt espagnol lancé, ce qu'ils ont effectivement fait le 5 novembre. Une façon d'éviter toute arrestation.

Les avocats ont en outre obtenu du parquet belge que la procédure se déroule en langue néerlandaise plutôt qu'en français, afin de compliquer la tâche des autorités espagnoles et donc de gagner du temps. La  justice belge examinera la demande d'extradition le 17 novembre. Carles Puigdemont et ses acolytes sauront alors si leur stratégie a été payante.

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