Pourquoi le sommet sur le climat de Durban est mal parti
Les représentants de 190 pays se retrouvent lundi à Durban pour la 17e conférence de l'ONU sur le climat, mais les avancées s'annoncent modestes.
Quelque 190 pays se retrouvent à partir de lundi 28 novembre à Durban, en Afrique du Sud, pour travailler sur les moyens de contenir le réchauffement climatique et se préparer à ses conséquences. Mais malgré la présence de 12 000 délégués, ministres, experts, ONG et journalistes, les chances de voir émerger des mesures fortes d'ici au 9 décembre sont maigres. Pourquoi ce sommet risque-t-il de ne déboucher sur rien de concret ?
• Parce que le réchauffement climatique n'est plus une priorité
Deux ans après la conférence sur le climat de Copenhague (Danemark), qui s'était soldée par un échec malgré une attention médiatique sans précédent, la lutte contre le réchauffement climatique est clairement passée au second plan des préoccupations. En pleine crise économique, dégager des ressources dans ce domaine s'annonce délicat pour les gouvernements.
L'un des principaux objectifs de la conférence de Durban, qui doit permettre de mieux préparer les conséquences du réchauffement climatique, risque d'en pâtir. Il s'agit en particulier de détailler l'architecture du "Fonds vert", un mécanisme qui doit permettre aux pays riches d'aider les plus vulnérables, avec l'objectif de verser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. De même, s'engager sur des mesures susceptibles de limiter le réchauffement mais coûteuses pour l'industrie est tout aussi problématique.
• Parce que le processus de Kyoto atteint ses limites
C'est le principal objectif du sommet : se pencher sur l'après-protocole de Kyoto, seul traité international imposant aujourd'hui des objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, dont le principal est le CO2, à une quarantaine de pays industrialisés. Sa période d'application se termine en 2012, et son avenir n'est pour l'instant pas assuré.
Beaucoup de pays industrialisés, dont le Japon, la Russie et le Canada - mais pas l'Union européenne -, refusent de maintenir en vie un outil qui couvre désormais moins de 30 % des émissions globales et ne s'applique pas aux deux plus grands émetteurs de CO2, la Chine et les Etats-Unis (plus de 40 % des émissions à eux deux).
L'objectif reste la définition d'un nouveau cadre contraignant, mais le sommet de Durban s'annonce plus comme une étape intermédiaire que comme un moment décisif. "Il est probable qu’aucune décision ne sera prise avant 2014 ou 2015 sur la possibilité d’avoir un accord global contraignant", explique Emmanuel Guérin, directeur du programme climat de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), à Novethic.
• Parce que l'objectif de 2 °C a fait long feu
Au regard des émissions records de CO2 et malgré les mises en garde répétées des scientifiques, le monde semble désormais suivre la trajectoire d'un réchauffement de près de 4 °C. Bien loin du seuil de 2 °C considéré par la science comme dangereux pour nos sociétés dans quelques décennies.
Une semaine avant le début du sommet, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a lancé un nouveau signal d'alarme : la concentration atmosphérique en CO2 s'est accélérée entre 2009 et 2010, dépassant la moyenne des années 1990. Les promesses des pays volontaires ne représenteraient actuellement que 60 % de l'effort nécessaire pour rester sous les 2 °C de réchauffement.
Seul signe d'espoir, plusieurs initiatives encourageantes ont vu le jour au niveau national dans plusieurs pays qui sont de gros émetteurs de CO2, comme le projet de création d'un marché des émissions de CO2 en Californie ou encore la création d'une taxe carbone en Australie. Reste que selon les experts, un cadre global reste la meilleure façon de lutter activement contre le réchauffement : "Nous devons avancer ensemble", a rappelé dimanche Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix 1984.
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