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Interdiction des pesticides tueurs d'abeilles : apiculteurs et agriculteurs divisés

L'Assemblée nationale étudie à partir d'aujourd'hui et jusqu'à jeudi la loi sur la reconquête de la biodiversité. L’un des gros enjeux du texte c’est l'interdiction des pesticides néonicotinoïdes au 1er septembre 2018. Les apiculteurs et les défenseurs de l’environnement la réclament depuis des années alors que les agriculteurs sont plus inquiets face à cette suppression. Reportage.
Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Un apiculteur montrant la production des abeilles dans une ruche  © MaxPPP)

Bien protégé des piqûres d’abeilles par ses gants, sa combinaison surtout son chapeau et son voile, Thierry Cocandeau, approche avec précaution de ses ruches. Grâce à son enfumoir, il brouille la communication entre les abeilles. Apiculteur professionnel, depuis plus de 10 ans en Mayenne, il ne va pas aujourd’hui récolter de miel mais plutôt vérifier si ses élevages d’abeilles se portent bien. Une assurance nécessaire pour garder sa production. "C’est indispensable aujourd’hui de faire de l’élevage pour garder son cheptel" ,  explique Thierry Cocandeau. 

Pour produire ses 5 à 6 tonnes de miel par an, l'apiculteur doit avoir 300 à 350 ruches alors que ces ainés arrivaient à produire autant avec deux fois moins d'abeilles. Selon lui, le développement de la monoculture et des pesticides sont en cause.  "L’an dernier, j’avais 37% de pertes. C’est 10 à 15 % de mortalité en plus depuis la généralisation des pesticides néonicotinoïdes sur toutes les céréales" , alerte l’apiculteur.

 

"La fin de la génération pschit pschit"

 

Situés à différents endroits, Thierry doit veiller à ce que ses abeilles trouvent assez à manger sans risquer non plus les pulvérisations des agriculteurs. Guenael Logeais cultive justement des champs autour de ses ruches. Cet éleveur de vaches laitières se souvient très bien de sa rencontre avec l’apiculteur il y a 10 ans. "J’avais désherbé mes champs et les abeilles de Monsieur Cocandeau butinaient les trèfles. Du coup j’ai eu droit à une bonne engueulade" , sourit l’agriculteur. 

Apiculteurs et agriculteurs divisés devant l'interdiction envisagée des pesticides tueurs d'abeilles - Reportage d'Anne-Laure Barral pour France Info

Aujourd'hui, les deux hommes se comprennent bien, et Guénael reconnait avoir fait évoluer ses pratiques pour à la fois protéger ses cultures, les abeilles et sa santé. "Trop de pesticides, on comprend bien que c’est pas bon. Du coup, on pulvérise la nuit. Sinon, il y a les solutions biologiques" , prévient l’agriculteur. Il utilise de petites plaquettes avec des insectes qui vont manger ceux qui ravagent ses cultures. Des solutions plus coûteuses en temps et en argent parfois mais dont l’agriculteur comprend les bénéfices aussi à long terme. Thierry Cocandeau, reconnaît que cela ne se passe pas aussi toujours bien mais il voit une évolution positive des agriculteurs. "C’est la fin de la génération pschitt, pschitt qui n’avait pas conscience de la dangerosité des produits", explique l’apiculteur.

Supprimer les néonicotinoïdes : Thierry l'attend avec impatience, alors que Guénael se dit plus fataliste, estimant qu'il faudra bien trouver une autre solution. 

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