: Reportage "On réutilise les matériaux des chantiers" : une entreprise du Centre-Val de Loire recycle le béton pour préserver le sable de nos côtes
Le sable, qui sert dans la fabrication du béton, est, après l'eau, la ressource la plus utilisée au monde. Cette dernière est trois fois plus exploitée aujourd'hui qu'il y a 20 ans, en raison du rythme effréné de l'industrie de la construction. Pourtant, il existe des solutions plus respectueuses de l'environnement, comme recycler le béton. Ce que fait l'entreprise Granudem, dans le Centre-Val de Loire. Ses deux sites, situés à Chartres et Tours, vivent au rythme des camions : le béton usagé arrive, en bloc ou en gravier à l'arrière des bennes, et le béton recyclé ressort, sans même avoir besoin d’exploiter les sols de nos territoires.
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"Les petits maçons peuvent nous ramener tout leur béton. On broie, on crible, on lave, et à la sortie, on a du sable et des gravillons de différentes grosseurs. Et là, on fait un béton qui repart pour la construction", explique Stéphane Boulard, le dirigeant de l'entreprise Granudem, qui fournit les entreprises du BTP de la région Centre-Val de Loire grâce au sable issu des travaux de terrassement et au béton récupéré lors des démolitions.
"On a plus à extraire la matière dans la nature, pour reconstruire. On réutilise des matières qui viennent des chantiers. On essaie de se passer un maximum des carrières. C'est un virage écologique que tout le monde n'a pas décidé de prendre", regrette Stéphane Boulard.
Une exploitation qui aggrave l'érosion des plages
Notamment parce qu'il est encore moins cher d'exploiter la nature que de recycler le béton. Or, pour le géologue Éric Chaumont, de l'université de La Rochelle, il y a urgence à agir. D'autant plus que dans le monde, entre 75% et 90% des plages reculent pour satisfaire les besoins de l'industrie de la construction, car c'est le sable des littoraux qui est utilisé pour faire du béton, et non celui du désert. "Sur certaines côtes où on a commencé à exploiter en trop grande quantité, on a déjà des érosions de plages, on a des disparitions de côtes, explique Éric Chaumont. Il faut des milliers, voire des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d'années pour faire des grains de sable. Donc c'est une situation qui n'est vraiment pas durable. On est dans une situation de vigilance. En fait, c'est clair qu'aujourd'hui, il faut trouver des moyens à la fois de moins consommer et éventuellement de recycler."
"On consomme beaucoup plus que ce que la nature n'est capable de produire."
Éric Chaumont, géologueà franceinfo
Et ce n'est pas la seule alternative. Le bambou, le bois, la paille et même le verre recyclé sont des pistes à explorer. En tout cas si l'on veut protéger nos plages, nos rivières, nos sols et leur biodiversité. Sans oublier l'urgence de mieux réglementer l'exploitation du sable. Si c'est déjà le cas en France, il y a encore beaucoup de progrès à faire, surtout à l'international.
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