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"Combien d’électricité pour faire ça ?" : des observateurs de la COP28 doutent de la crédibilité de Dubaï comme lieu de négociation

À quelques jours de la clôture de la COP28 à Dubaï, plusieurs observateurs restent dubitatifs sur un potentiel accord. Selon eux, la capitale des Emirats arabes unis n'est pas l'endroit idéal pour convaincre de l'urgence climatique.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des gratte-ciel à Dubaï, aux Emirats arabes unis, le 4 décembre 2023. (GIUSEPPE CACACE / AFP)

Il reste moins de trois jours avant la fin de la COP28 mardi 12 décembre. "Nous avons fait des progrès, mais pas assez vite et de façon pas assez satisfaisante" : c’est ce qu’a dit samedi soir, à Dubaï, Sultan al-Jaber. "Il est temps de mettre de côté ses propres intérêts au nom de l'intérêt général", a exhorté le président de la COP28, également patron de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc.

"Vous devez travailler. Il est temps de décider. S'il vous plaît, pas d'hésitation", a-t-il encore déclaré à des négociateurs qui ont sous leurs yeux chaque jour l’exemple même d’une ville qui subit les effets de la pollution provoquée par les transports et les industries, et qui affiche tout sauf un modèle de sobriété.

Négocier pour sauver la planète : à Dubaï, ce n’est pas banal. Sur le trajet entre leur hôtel et le lieu où se déroule la COP, les négociateurs et les observateurs contemplent la ville, sa démesure, entre autoroutes et gratte-ciel. 

"On va avoir du mal à tirer un résultat positif de cette COP"

Marion Désormeaux, qui anime des ateliers aux Emirats pour réduire son empreinte carbone à "deux tonnes" par an, s’y est habituée : "On parle quand même de gens qui, il y a 60 ans, étaient des tribus nomades dans le désert et qui ont envoyé il n'y a pas très longtemps quelqu'un dans l'espace, à la station internationale, raconte-t-elle. Ils n'ont peur de rien. C'est vrai que c'est un sujet très lié à la COP, puisque cela a aussi été permis parce qu'ils ont accès à des ressources fossiles, qui ne sont évidemment pas illimitées, mais en grandes quantités."

Nithi Nesadurai, de la Société de protection de l’environnement de Malaisie et directeur régional du Réseau Action Climat pour l'Asie du Sud Est, a pris un peu de temps ici pour observer cette ville ultra-consommatrice en énergies.

"Je suis allé dans un centre commercial l’autre jour. Il y avait une partie qui était un 'pays des merveilles de l’hiver'!"

Nithi Nesadurai, de la Société de protection de l’environnement

à franceinfo

"Il y avait de la neige et des pingouins !, poursuit-il. Et là je me suis dit : 'Quoi?' Combien d’électricité ont-ils besoin pour faire ça ? Il y a aussi ces paysages avec des jardins. Ce n’est pas la terre d’ici. Ils doivent amener la terre et les plantes", observe Nithi Nesadurai. "Avec mes collègues, quand on fait la queue et qu’on regarde ces jardins paysagers, on se disait que l’énergie dont ils ont besoin juste pour avoir ce petit bout de verdure ici permettrait de faire vivre des habitants de deux villages népalais dans de bonnes conditions de vie. Et c’est aussi pour tout cela qu’on va avoir du mal à tirer un résultat positif de cette COP. À cause de là où on est."

Comme un rappel du danger des émissions de gaz, les participants de la COP circulent chaque jour dans un air pollué. Avant de s’enfermer dans les salles très climatisées du centre de conférences. 

Reportage à Dubaï de Julie Pietri

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