Surpêche : l'association Bloom dénonce "les méthodes de pêche"

Frédéric le Manach dénonce les méthodes des très grands bateaux de pêche qui abîment les habitats marins et le rendent de moins en moins productifs.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des chalutiers usines hollandais au large de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), le 6 décembre 2023. (LUDOVIC CALOIN / MAXPPP)

"Sur les plus grands bateaux de pêche industrielle, on fait assez peu de contrôles par rapport au volume de poissons qui sont capturés. Pour nous, c'est surtout une question de méthode de pêche", a expliqué mercredi 14 février sur franceinfo Frédéric le Manach, directeur scientifique de l’association Bloom, alors que le bilan annuel de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) pointe que seul un poisson sur deux débarqués en France est pêché durablement, loin des 100% de pêche durable voulus par l'Europe.

"C'est très marquant dans le rapport de l'Ifremer de ne pas voir une seule mention de la manière dont le poisson est pêché, ni par qui", souligne Frédéric le Manach. "Ces chiffres-là sont déjà très mauvais mais sont très en deçà de la réalité", selon l'association Bloom, qui milite pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes marins.

Frédéric le Manach accuse les navires usines, "des bateaux qui ont des capacités de captures de plusieurs dizaines de tonnes à l'heure, voire centaines de tonnes pour les plus grands bateaux". Les quantités de poissons capturées "sont tellement astronomiques qu'aucune capacité humaine n'est en mesure de vérifier ce qui a été pêché, quelles espèces, quel volume". Les méthodes de pêche sont donc "beaucoup trop efficaces pour le renouvellement des populations de poissons", selon le directeur scientifique de Bloom. Ces méthodes "ont un impact sur les habitats marins qui font que l'océan est de moins en moins productif, puisqu'il est de plus en plus abîmé".

Un manque d'action politique

Frédéric le Manach dénonce le choix fait "par l'administration française et d'autres pays au niveau européen, de favoriser ces très grands bateaux qui sont beaucoup trop efficaces au détriment des humains, au détriment des écosystèmes marins". Il déplore également le fait que "tous les décideurs politiques soutiennent la pêche industrielle depuis des années", à l'image du "combat avec l'agriculture ou l'élevage". "On a des artisans qui ne sont pas du tout représentés politiquement. Les seuls qui sont entendus par les décideurs politiques, ce sont les gros industriels."

Frédéric le Manach fait également le "constat d'échec" de l'objectif de 100% de pêche durable en Europe, qui avait été fixé pour 2020, "un objectif très productiviste". Quatre ans plus tard, "on est encore à peine à la moitié de l'objectif qui était fixé. Mais cet objectif, il est déjà obsolète". L'association Bloom plaide pour "aller beaucoup plus loin" en prenant "en considération les écosystèmes et les humains qui pêchent le poisson" et pas uniquement d'"avoir cet objectif productiviste qui date de l'après-guerre et qui est complètement dépassé actuellement".

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