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Barrage de Sivens : ce que l'on sait de la mort d'un manifestant

Le corps d'un homme de 21 ans a été retrouvé sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), où des échauffourées ont eu lieu en marge d'une mobilisation d'opposants. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des opposants au barrage de Sivens (Tarn), le 25 octobre 2014.  (PASCAL PAVANI / AFP)

Le corps d'un homme a été découvert dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn), où des échauffourées ont eu lieu samedi en marge d'une mobilisation d'opposants, annonce dimanche la préfecture du Tarn à Albi. Sa mort serait survenue "dans le contexte d'affrontements" avec les gendarmes, selon les opposants au barrage, mais le procureur affirme qu'il est trop tôt pour en établir la cause exacte. Francetv info revient sur ce que l'on sait de cette affaire. 

Que sait-on de la mort de la victime ?

"Selon les premiers éléments que nous avons recueillis, la mort a eu lieu dans le contexte d'affrontements avec les gendarmes. Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant, mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements", a déclaré à l'AFP par téléphone Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe la majeure partie des opposants au projet de barrage. "Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer lors d'affrontements et être enlevé par les forces de l'ordre", a ajouté Ben Lefetey.

 "Les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement mais n'ont pu que constater le décès de la victime", précise la préfecture. Le corps de Rémi, 21 ans, dont l'identité a été confirmée dimanche soir par le procureur d'Albi, a été découvert autour de 2 heures du matin, mais il est "impossible" en l'état de déterminer les causes de la mort de Rémi. Les résultats préliminaires de l'autopsie, prévue lundi à la mi-journée, devraient permettre d'en savoir plus. Le procureur déploré que les gendarmes chargés de l'enquête, "confrontés à l'hostilité" des manifestants, n'aient pu effectuer "la moindre constatation technique sur le lieu où le corps a été retrouvé".

Que s'est-il passé sur le site samedi ?

Le responsable, qui gérait sur place les opérations de gendarmerie lors des échauffourées de samedi soir, a indiqué que le calme était revenu "vers 21h". Il a précisé que sept membres des forces de l'ordre ont été blessés mais que les pompiers ne lui avaient fait état dans la soirée d'aucun blessé dans le camp adverse.

Selon le lieutenant-colonel, "100 à 150 anarchistes encagoulés et tout de noir vêtus ont jeté des engins incendiaires" et autres projectiles aux forces de l'ordre encadrant une mobilisation de "2 000" opposants qui, elle, est restée pacifique, selon lui. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls, a-t-il ajouté. Il a précisé que des négociations avaient été entamées, en vain, entre un représentant pacifique des opposants à la construction du barrage de Sivens et un des assaillants qui avait alors dit qu'ils se réclamaient de "l'anarchisme".

Pourquoi le projet de barrage divise ?

Le projet de barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée fait de plus en plus figure de "Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest", en référence à cette commune de Loire-Atlantique, où une importante mobilisation a provoqué le gel en 2012 de la création d'un nouvel aéroport. Depuis le début des travaux de déboisement le 1er septembre, les échauffourées et les rassemblements se sont multipliés aux alentours du chantier.

La retenue d'eau est portée par le conseil général du Tarn, qui assure qu'il est indispensable pour irriguer les terres agricoles alentour et qu'une autre zone humide sera recréée.

Les opposants dénoncent un projet coûteux qui, selon eux, ne servira qu'à irriguer les terres d'un petit nombre d'exploitants pratiquant une agriculture intensive. Ils ont reçu l'appui de l'ancienne ministre Cécile Duflot, des députés écolos Noël Mamère et José Bové, et du dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a participé samedi à la mobilisation de 2 000 personnes, la plus importante depuis le début du mouvement. Un rapport d'experts, commandité par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, doit être rendu public la semaine prochaine. 

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