: Vidéo "Héroïne du travail" en Corée du Nord, ou l’illusion d’un régime parfait
"Envoyé spécial" a obtenu l’autorisation de tourner dans une usine de vêtements nord-coréenne et d'interroger une ouvrière. Mais pas n'importe laquelle : il s'agit d'une "héroïne du travail"... Extrait.
Dans cette usine textile qui emploie 8 500 femmes, les équipes d’"Envoyé spécial" ont pu échanger avec une femme soigneusement choisie par les organisateurs du voyage, sous le contrôle du régime. C'est une "héroïne du travail", un titre honorifique qui récompense son dévouement sans limite. Mun Kang-Sun, 32 ans, a débuté dans cette usine à l’âge de 16 ans. Elle a gravi tous les échelons. Et elle est particulièrement fière de son titre d'héroïne...
"Cette usine a été visitée par les trois générations de nos dirigeants. Et il y a eu 16 héroïnes du travail. Donc moi aussi, j’ai voulu travailler ici et faire plaisir à nos leaders", explique-t-elle. Un discours partagé par une grande partie de la population, convaincue qu’elle doit tout à ses dirigeants. En Corée du Nord, le bien-être personnel passe par la satisfaction des responsables politiques, au premier desquels le chef suprême, Kim Jong-un.
"Un pays capitaliste, c’est la perte de tout"
Mun est persuadée que son sort aurait été bien plus cruel dans un pays occidental : "Je suis orpheline et je pense que dans un pays capitaliste, c’est la perte de tout. On peut être abandonné, à la rue. Ici, grâce à l’amour de notre parti et de notre général qui prend soin des gens, je m’en suis sortie."
Pour la jeune ouvrière, personne n'est dans le besoin et les mendiants n'existent pas dans son pays : "Le gouvernement prend tout le monde en charge." Pourtant, lorsqu’on s’éloigne de Pyongyang, la capitale, et que l’on s’engouffre dans les campagnes, le paysage change du tout au tout. La nourriture se fait de plus en plus rare. La famine qui a frappé le pays au milieu des années 1990 n'est pas si loin...
Extrait de "Corée du Nord : le pays du secret", un reportage d'"Envoyé spécial".
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