Bientôt 100% de déchets recyclés à San Francisco
Dans un quartier huppé du nord de San Francisco, David passe une fois par semaine avec son camion ramasser les poubelles de déchets recyclables des habitants et s’il y a des erreurs de tri, il leur laisse une petite note sur la poubelle. "Ça c’est pour la poubelle recyclable, s’ils ont mis des déchets qui ne vont pas dedans normalement, j’entoure ce qu’il n’aurait pas dû mettre. On rentre cette note dans le système informatique de la compagnie et si les gens appellent pour se plaindre et dire pourquoi vous m’avez laissé ce mot on peut leur expliquer on sait de quoi on parle " , explique-t-il. David pointe aussi sur l’écran à bord de son camion, les mauvais trieurs, qui peuvent écoper d’une amende. Mais la ville manie à la fois le bâton et la carotte. Avoir une plus grosse poubelle noire (non recyclable) coûtera plus cher 25 euros au lieu de 15 alors que les poubelles bleue et verte ne coûtent que 4 et 2 euros par mois. Les bons trieurs ont même des bonus sur les factures. De quoi inciter les habitants à utiliser des sacs en tissu plutôt que du plastique ou à mettre leur épluchure de légumes dans le compost. La ville a mis le paquet au début sur les 5000 restaurants et leurs déchets alimentaires en baissant leur facture de 50% s’ils les mettaient dans la poubelle verte. "Nous avons aujourd’hui un système de boite réutilisable qui se met en place en plus des cartons compostables ", explique Ruben Donzé, un Français qui tient une fromagerie à San Francisco.
Bon pour l’emploi, bon pour l’environnement
La ville se targue aujourd’hui de recycler 80% de ses déchets : collecte séparée pour le textile, les déchets de la construction. Elle a aussi beaucoup investie. Une machine à plusieurs millions de dollars permet de séparer les différentes matières de la poubelle bleue. "Sur cette machine, on sépare tous ces matériaux mélangés en 16 différentes matières chaque jour comme le carton, le papier, les cannettes en aluminium ou en acier, les plastiques transparents ou colorés, le verre. Après on le vend à différentes usines. Le verre va servir à refaire des bouteilles en verre, le papier à des papeteries, le plastique a des usines de recyclages pour faire de nouveaux contenants en plastiques ", explique Robert Reed, chargé de communication de la coopérative Recology, qui gère les déchets ménagers. En dix ans, ce système a généré plus de revenus pour la ville plus d’emplois aussi .1000 personnes travaillent pour Recology et cela a aussi eu des effets bénéfiques sur l’environnement par exemple les déchets verts deviennent un compost fertile pour les agriculteurs de la Californie qui veulent éviter les engrais chimiques et réduire leur consommation d’eau.
Interdit de donner des sacs plastique
"Pour atteindre les 100 %, il faut encore améliorer la collecte des déchets verts dans les immeubles d’appartement et aussi le recyclage de certains produits électroniques ", explique Kevin Drew, le coordinateur du programme zéro déchet à la ville. Si la ville a pu ainsi diviser par deux le poids des déchets qui ne se recyclent pas en revanche le poids total de ses poubelles a augmenté. C’est le paradoxe : si en France nous sommes de mauvais recycleurs, nos poubelles sont deux fois moins grosses que celles des Américains. Ils restent aussi la bête noire des déchets à San Francisco comme ailleurs : les sacs plastiques. Impossible à recycler, la ville a interdit aux commerçants d’en donner même si on peut les acheter. L’Etat de Californie cherche à faire la même chose dans les prochains mois mais l’industrie plastique a proposé un référendum sur le sujet.
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