Cet article date de plus de huit ans.

Le paon de Birmanie, emblème du parti d’Ang San Suu Kuy, «en danger»

Les décennies de la junte au pouvoir ont laissé des traces en Birmanie, l’un des derniers sanctuaires au monde où vit encore le Paon à l’état sauvage. Symbole de noblesse à l’époque des rois birmans et repris dans les années 80 par la Ligue nationale pour la démocratisation (LND), parti d’Ang San Suu Kyi, l'animal est aujourd’hui menacé d’extinction.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Photo prise le 20 août 2015 d'une sculpture d'un paon et d'une étoile, symboles de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), posée à côté d'une photo du général Aung San, le père d'Aung San Suu Kyi au siège du parti à Rangoun. (NICOLAS ASFOURI / AFP)

La déforestation non contrôlée et la chasse illégale ont détérioré la biodiversité en Birmanie. Si rien n’est fait, les derniers paons libres du pays disparaîtront et ne seront plus visibles que dans les zoos. Le ministère birman de la Protection de l’environnement assure pourtant qu'une loi interdit de capturer les précieux oiseaux, qui ne sont plus que 2.000 en liberté.

Mais sur le terrain, difficile de freiner l’engouement des chasseurs amateurs de cette viande recherchée. D'où l'importance «d’éduquer les gens, de leur apprendre à quel point ces paons sont précieux pour l’humanité, et à quel point la Birmanie devrait être fière d’avoir des paons», insiste Thet Zaw Naing, de la Wildlife Conservation Society.

«Symbole de noblesse»
Car le paon n'est pas n'importe quel animal dans l'histoire du pays. «C'est un symbole de noblesse, qui a été utilisé dès l'époque des rois birmans. Notre monnaie était alors aussi frappée d'un paon», raconte Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi.

Pendant plus d'un siècle, l'oiseau a en effet représenté la dynastie Konbaung, dont le blason était orné d'un paon. L'animal majestueux dominait alors les trônes, comme ailleurs le lion ou l'aigle, jusqu'à ce que l'Empire britannique mette la royauté birmane hors jeu et colonise le pays, à partir de la fin du XIXe siècle.

Le général Aung San, père d'Aung San Suu Kyi, a choisi l'animal pour symboliser sa lutte contre les Britanniques et baptisé sa revue Le paon combattant. Plusieurs décennies plus tard, dans les années 80, Aung San Suu Kyi et la toute jeune Ligue nationale pour la démocratie se sont elles aussi approprié le symbole de ce paon combattant.


Après les élections législatives de novembre 2015, raz-de-marée historique pour la LND. Les militants du parti sont alors nombreux à arborer le drapeau rouge du parti, orné de son fameux paon jaune. D'autres petits partis ont eux aussi tenté de choisir le symbole du paon.


Associé à la lutte pour la démocratie, l'oiseau trône aujourd'hui dans les ministères désormais occupés par Aung San Suu Kyi et son équipe. Il est représenté sur les murs des bâtiments officiels et sur les objets d'artisanat achetés par les touristes.

Sur le terrain, rien n'est fait pour préserver le paon sauvage, classé par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) sur la liste rouge des espèces menacées. 


«Il est facile de les capturer dans les zones où ils vivent car ils sont toujours au sol, sauf la nuit quand ils dorment dans les arbres», explique Thet Zaw Naing, de la Société de protection des animaux sauvages de Birmanie, à l'AFP. Le paon sauvage a déjà disparu du Bangladesh voisin, mais aussi de Thaïlande et d'Inde, à l'exception de quelques groupes de paons observés dans l'Etat du Manipur, à la frontière avec la Birmanie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.