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La République Dominicaine s’attaque efficacement au sida

A coups d’initiatives locales et d'aides internationales, la République Dominicaine se bat avec acharnement contre le VIH/sida. Ce tout petit pays des Caraïbes est en train de faire chuter de façon très encourageante le taux d’infection au virus. Mais beaucoup reste à faire.
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les femmes et les enfants dominicains sont très exposés au virus. (Stephane Frances / Only World / Only France)

La République Dominicaine sent bon les vacances. Mais derrière les hôtels fréquentés par les touristes se cache une réalité beaucoup moins réjouissante. Le taux de pauvreté dans ce pays, qui partage l’île d’Hispaniola avec Haïti, est très élevé : plus de 35% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. La République dominicaine est classée pourtant comme un pays à revenu intermédiaire par l’ONU.

Bien que le contexte économique soit complexe, le pays est lentement et sûrement en train de remporter la bataille contre le VIH/sida. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2001, environ 65.000 personnes étaient séropositives. En 2007, elles étaient 62.000 sur une population de 10 millions d’habitants, selon l’OMS. Aujourd’hui, elles sont 57.260. Depuis 2001, le taux d’infection au virus a été réduit de 25%.

Depuis 2007, les chiffres sont encourageants. (FTV)

Une loi pour protéger la population
L'Unicef, l’Organisation panaméricaine de la santé et l’ONU travaillent conjointement avec le gouvernement pour s’attaquer à la pandémie. L'accès au traitement anti-VIH y est entièrement financé par des donateurs internationaux. Après l’Afrique, les Caraïbes est la région la plus touchée par le virus.   

A défaut de fonds, le gouvernement s’est doté de tout un arsenal juridique. En 2011, la Constitution du pays a été modifiée pour y intégrer la loi sur le VIH/sida. Cette nouvelle législation détaille plusieurs mesures pour améliorer la vie des porteurs du virus.

Quelques exemples : des soins médicaux complets pour les personnes infectées, pas de licenciements discriminatoires, formation des autorités sanitaires, un suivi psychologique pour les nouveaux porteurs, distribution de préservatifs masculins et féminins (surtout dans les hôtels), prise en charge des femmes enceintes…

« Le gouvernement garantit l’accès universel au traitement » 
Il reste pourtant un long chemin à faire. « Le Plan stratégique national contre le VIH et le sida 2007-2015 mis en place par le pays prévoit la garantie de l'accès universel au traitement pour les personnes vivant avec le VIH. Bien que plus de 20.000 personnes bénéficient aujourd'hui d'un traitement anti-VIH, plus de 2.500 individus dont on sait qu'ils vivent avec le sida n'ont pas accès aux médicaments vitaux. », affirme Onusida.

Prochaine étape : prendre en charge tous les malades sans exception. Une récente étude d’Onusida a pour but de convaincre le gouvernement que le traitement anti-VIH n'est pas aussi onéreux qu’il ne le pensait.

Population à risque
Malgré le progrès, une population reste très vulnérable, les femmes. « Les offres de travail sont très réduites pour les Dominicaines. Elles ont le choix entre femme au foyer, secrétaire, ouvrière dans les usines textiles ou prostituée » explique Julia, membre de MODEMU (Mouvement de femmes unies), une petite organisation qui fait de la prévention auprès des travailleuses du sexe.  

Julia raconte son quotidien en tant que membre de MODEMU

En 2008, environ 30.000 femmes se prostituaient en République Dominicaine. Chez cette population, le taux d’infection est de 3 à 10 fois plus élevé.

Il n’y a pas qu'elles qui risquent leur santé. Toutes les femmes peuvent être porteuses du virus sans le savoir. Les Dominicaines se plaignent de la culture de l’infidélité qui règne dans ce pays réputé macho; ces dames n’osent pas alors demander à leurs époux de mettre un préservatif.

Si les mentalités doivent encore évoluer, l’évolution positive de la République Dominicaine s’inscrit dans une tendance mondiale fortement applaudie lors de la conférence mondiale sur le sida en juillet 2012. L’année dernière, 8 millions de personnes ont bénéficié d’un traitement, un chiffre historique. Et le taux d’infection a chuté de 20% depuis 2001. 

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