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Colombie : quatre questions sur les enfants disparus dans la jungle amazonienne après un crash d'avion

Le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé jeudi le sauvetage des quatre enfants, dont un bébé de 11 mois, avant de se rétracter, faute de confirmation.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La jungle amazonienne colombienne, le 18 mai 2023, où les recherches se poursuivent pour retrouver les quatre enfants disparus après un crash d'avion le 1er mai. (ARMEE COLOMBIENNE / AFP)

Silence radio depuis plus de deux semaines. Les recherches se poursuivent dans la jungle amazonienne, en Colombie, où un avion s'est écrasé début mai alors qu'il transportait trois adultes et quatre enfants. Les corps des adultes ont été récupérés par les secours, mais ceux des enfants n'ont toujours pas été retrouvés. Plus de cent militaires arpentent la jungle dans le cadre des recherches.

C'est dans ce contexte que le président colombien a annoncé, mercredi 17 mai, que les enfants avaient été sauvés. Mais quelques heures plus tard, Gustavo Petro s'est rétracté, faute de confirmation. Ce drame soulève plusieurs questions.

Dans quelles circonstances les enfants ont-ils disparu ?

Un petit avion, un Cessna 206 HK 280, s'est écrasé le 1er mai en plein cœur de la jungle amazonienne, en Colombie. Il transportait sept personnes, dont quatre enfants, âgés respectivement de 11 mois, 4, 9 et 13 ans. L'aéronef a disparu des radars dans les environs de San José Del Guaviare, dans le centre du pays, où il devait se rendre, et été retrouvé lundi 15 mai à la verticale, le nez écrasé au sol au milieu d'une dense végétation. 

Les autorités ont d'abord annoncé avoir identifié le corps du pilote. Le lendemain, elles ont retrouvé la mère des enfants et le copilote, un dirigeant de la communauté indigène Uitoto, à laquelle tous les passagers de l'avion appartenaient. Depuis, plus de cent militaires sont mobilisés jour et nuit pour tenter de retrouver les enfants, avec l'espoir qu'ils soient encore en vie. 

Les causes de l'accident n'ont pas encore été déterminées. Selon la protection civile colombienne, le pilote avait signalé des problèmes de moteur avant que l'avion ne disparaisse des radars. Par ailleurs, les autorités n'ont pas donné les raisons du déplacement en avion de la famille. Mais les habitants de cette région difficile d'accès, du fait de l'absence de routes notamment, ont souvent recours à des petits avions pour voyager.

Pourquoi le président colombien est-il revenu sur son annonce ? 

Un message du président colombien a provoqué une fausse joie mercredi soir. Gustavo Petro a annoncé la découverte des quatre enfants sains et saufs. "Après de laborieux efforts de recherches par nos forces militaires, nous avons retrouvé vivants les quatre enfants qui avaient disparu à cause de l'accident d'avion à Guaviare. Une joie pour le pays", a-t-il écrit sur Twitter. 

Sauf qu'au moment de son annonce, cette information n'avait pas été confirmée. Après plusieurs heures, le président colombien a supprimé son tweet et publié un message d'excuses sur son compte. "Les informations fournies par l'ICBF [Institut colombien du bien-être familial] n'ont pas pu être confirmées. Je suis désolé de ce qu'il s'est passé", a insisté Gustavo Petro, ajoutant que "les forces militaires et les communautés autochtones poursuivront leur quête inlassable pour donner au pays les nouvelles qu'il attend"

Où en sont les recherches ?

L'ICBF a expliqué dans un communiqué mercredi avoir reçu "des informations" selon lesquelles les quatre enfants "avaient été retrouvés vivants et en bonne santé". L'organisme public a toutefois souligné que "les forces militaires n'ont pas encore été en mesure d'établir un contact officiel en raison des conditions météorologiques et du terrain difficiles". La présence d'animaux sauvages, d'arbres pouvant mesurer jusqu'à 40 mètres de haut et surtout de fortes pluies compliquent les recherches, dont l'étendue doit être limitée.

Jeudi matin, la directrice de l'ICBF, Astrid Caceres, s'est montrée prudente au micro de la radio colombienne BluRadio Colombia. Interrogée sur la découverte des enfants, Astrid Caceres a dit "espérer que c'est le cas", tout en rappelant "attendre la confirmation". Depuis la bévue présidentielle, l'armée, qui communiquait depuis le début des opérations de recherches, partageant photos et vidéos, reste quant à elle silencieuse.

L'armée de l'air est engagée dans l'opération de secours baptisée "Espoir" avec trois hélicoptères mobilisés. A bord d'un des appareils, un haut-parleur "pouvant couvrir une zone d'environ 1 500 mètres" diffuse un message enregistré par la grand-mère des enfants. Dans la langue uitoto, elle dit à ses petits-enfants qu'ils sont recherchés et leur demande de rester où ils se trouvent, afin que les secours puissent les localiser.

Qu'est-ce qui laisse penser que les enfants sont encore vivants ? 

Les militaires, aidés de chiens renifleurs, ont découvert mercredi un "abri de fortune fait de bâtons et de branches", alimentant l'espoir qu'il y aurait au moins un survivant. La veille, ils avaient déjà trouvé des effets personnels près de l'avion, dont un biberon, ainsi que des fruits en partie mangés. 

Un biberon retrouvé dans la jungle amazonienne, le 17 mai 2023, non loin de l'avion qui s'est écrasé. (ARMEE COLOMBIENNE / AFP)

Selon le grand-père des enfants, Fidencio Valencia, ils "ont l'habitude d'être dans la jungle", mais ils auraient pu se cacher, par peur, après l'accident. Selon l'Organisation nationale indigène de Colombie, les Uitotos vivent en "harmonie" dans la jungle et conservent des traditions telles que la chasse, la pêche et la cueillette de fruits sauvages. "On veut retrouver les enfants. Je sais qu'ils sont restés longtemps dans la jungle, c'est difficile. Avec le soutien de tous les habitants, l'énergie indigène et les prières, nous y parviendrons", a-t-il dit à une télévision locale.

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