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Le Tchad n'est pas épargné par la fermeture des écoles Gülen

Après le Sénégal et le Mali, la reprise en main par Ankara des écoles turques de l'opposant Fethullah Gülen se poursuit en Afrique. Quelques jours avant l'arrivée du présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, le 26 décembre 2017 à N'Djamena, une fondation proche du prédicateur Gülen s'est vu retirer la gestion d'une école au profit d'une autre fondation, Maarif, proche du pouvoir turc.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan (G) et le président du Tchad Idriss Déby, le 26 décembre 2017, dans la capitale tchadienne, N'Djamena. (KAYHAN OZER / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)

 

Depuis quelques mois, une vague de fermetures déferle sur les écoles Gülen d'Afrique. La visite du président turc a N'Djamena, le 26 décembre, a condamné un nouvel établissement güleniste, cette fois tchado-turc, à passer sous le contrôle de la fondation Maarif, créée par le président Recep Tayyip Erdogan. C'est le président Idriss Déby Itno qui l'a annoncé lui-même à son visiteur, rapporte RFI: «Ces écoles qui ont été gérées en leur temps par des gens qui sont des gens douteux sont aujourd’hui entre les mains d’une ONG connue sous le nom de Maarif. Donc, l’école est entre de bonnes mains, elle n’est pas entre les mains de terroristes.» 

Erdogan accuse le prédicateur Fethullah Gülen d'être à l'origine de la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016. Conséquence: toutes les écoles gülénistes implantées sur le continent africain sont menacées de fermeture. Au Mali, les établissements privés appartenant au réseau du très puissant imam turc – exilé depuis 1999 aux Etats-Unis – «Collèges Horizon de Bamako», qui accueillent environ 3.000 élèves, sont désormais appelés «ex-Collèges Horizon de Bamako». Au grand dam des parents de ces élèves, car les écoles privées gérées par le mouvement Hizmet («le service» en turc) de Fethullah Gülen jouissent d'une excellente réputation en Afrique. 

Après la Somalie et le Maroc, le même scénario s'est joué au Sénégal, en octobre 2017, où les écoles turques Yavuz Selim sont désormais la propriété de l'Etat turc. «Je vous dirai très clairement qu’aucun enfant ne doit être inscrit dans ces écoles parce que l’éducation n’a été qu’un masque pour ces personnes. Et c’est sous ce prétexte que la religion a aussi été utilisée à travers ce réseau éducatif partout où il s’était implanté », a récemment déclaré le président turc dans une interview accordée à Allafrica.

La guerre des écoles entre Fetullah Gülen et Erdogan s'est également exportée en Côte d'Ivoire où le groupe güleniste Safak international a été remplacé par le groupe scolaire international Le Méridien. 

Les pays anglophones résistent
En revanche, dans des pays anglophones, comme l’Afrique du Sud, le Ghana, le Nigeria et le Liberia, des établissements menacés de fermeture ont refusé le diktat du président turc, selon Géopolis qui cite NewsAbidjan.net.

Baptisée en Turquie Cemaat (communauté) ou Hizmet (service), la «néo-confrérie Gülen» revendique trois millions de fidèles et dix millions de sympathisants. Le mouvement, qui s’est internationalisé dès les années 90, s'articule autour d'un réseau d'écoles qui diffusent la culture turque dans plus d'une centaine de pays, principalement en Asie et en Afrique. En France, des établissements existent aussi à Villeneuve-Saint-Georges, dans la banlieue Sud de Paris ainsi qu'en Alsace, où une école a dû changer de nom sous la pression du pouvoir turc.

Le Tchad était la deuxième étape d'une tournée africaine de Recep Tayyip Erdogan qui avait commencé par le Soudan, le 26 décembre pour s'achever, le 27 décembre en Tunisie. En juin, ce dernier pays avait décidé de procéder à la fermeture d'une deuxième école liée à l'organisation de Fethullah Gülen, a rapporté le site Kapitalis.com. En 2016, les écoles Gülen représentaient une centaine d'établissements dans 35 pays africains, selon TV5Monde.

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