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En Somalie : des femmes font du porte-à porte pour proposer l’excision pendant le confinement

La mutilation génitale féminine est en augmentation "massive", alerte l’ONG Plan international

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Des volontaires distribuent des produits d'hygiène dans un camp de réfugiés à Mogadiscio, en Somalie, pour lutter contre la propagation du coronavirus le 2 avril 2020. (SADAK MOHAMED / ANADOLU AGENCY)

La crise du Covid-19 sape les efforts visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines en Somalie. L’organisation Plan international, qui agit pour les droits des filles, a constaté une hausse "massive" d’excisions dans le pays ces dernières semaines.

Une pratique courante 

Victime de mutilations génitales, Sadia Allin lutte depuis des années contre cette pratique très répandue en Somalie. Pendant le confinement, la responsable de l’ONG Plan international  est elle-même visitée par des exciseuses qui proposent leurs services à domicile. Un choc pour cette mère de deux filles âgées de 5 ans et 9 ans.

Elles frappent aux portes pour demander s'il y a de jeunes filles à exciser

Sadia Allin, responsable de l'ONG Plan International en Somalie

à la Fondation Thomson Reuters

Les exciseuses n’ont certainement pas conscience de la violence de leur acte et de ses conséquences désastreuses. La pratique ancestrale fait partie des coutumes en Somalie où 98 % des femmes ont subies des mutilations génitales, selon une étude de l’Unicef. 

La déscolarisation, un facteur aggravant

Malgré le travail acharné des organisations pour éradiquer le fléau, la tendance est à la hausse. Avec la fermeture des écoles, les filles se retrouvent à la maison et certains parents en profitent pour leur faire subir ce rituel d’un autre âge. Le ralentissement économique pousse aussi certaines femmes à faire du porte-à-porte pour vendre leurs services. Autre problème : la difficulté d’organiser, en période de pandémie, des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’excision.

Pour toutes ces raisons, la responsable de Plan International en Somalie interpelle le gouvernement et rappelle que le mutilations génitales représentent les formes les plus extrêmes de violence à l'encontre des filles et des femmes.

C'est une torture à vie pour les filles. La douleur continue ... jusqu'à ce que la fille aille dans la tombe. L’excision a un impact sur son éducation, son ambition… sur tout

Sadia Allin, responsable de l'ONG Plan International en Somalie

à Reuters

Proscrite par le droit international, l’excision reste légale en Somalie. Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) estime que 290 000 filles subiront une forme de mutilation sexuelle en 2020 alors que la tendance est en baisse en Afrique où de nombreux pays ont interdit cette pratique. Dernier en date: le Soudan

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