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Tirailleurs sénégalais : l'immigration obligée

Ils sont nés Français, bien loin d'ici. Et si ce n'est quelques stages dans le fort de Fréjus (Var) dans les années 50, ils ne connaissaient pas l'Hexagone. Un demi-siècle plus tard, certains d'entre eux sont venus vivre en banlieue, à Bondy, dans l'ex-foyer Sonacotra.
Article rédigé par Hervé Pozzo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Quatre-vingts ex-tirailleurs sénégalais vivent entre le Sénégal et Bondy (Seine-Saint-Denis). Ils demandent la réintégration dans la nationalité française. (FTV/HP)

Rue Edgar Vaillant, à Bondy (Seine-Saint-Denis), le "foyer Sonacotra" semble désert. Dans le hall un vieil homme nous salue.

Ce n’est pas encore l’heure de la prière et Papa Demba, de son vrai nom Demba Sonko, procède à son rituel matinal : la relève du courrier.

Elu pour deux ans, il est le délégué des anciens combattants. Chaque jour, il vide les boîtes aux lettres des absents. Et ils sont nombreux. L’hiver n’est pas terminé et une majorité des ex-tirailleurs sénégalais a préféré rentrer au pays. Histoire de laisser passer ce froid auquel ils ne s’habituent pas.


S’ils veulent pouvoir bénéficier de leurs pensions d’anciens combattants, de leurs aides au logement, de la CMU ou de l'aide sociale aux personnes âgées, ils doivent passer six mois de l’année en France, pas plus de trois mois consécutifs hors du territoire.

Depuis 2006 et la «décristallisation», terme qui désigne la fin de la différence de traitement entre anciens combattants français et étrangers des ex-colonies ayant servis sous le drapeau national, ils sont un peu plus de quatre-vingts tirailleurs sénégalais à vivre ici.

Quand on lui demande quels ont été ses premiers rapports avec la France, M.Sonko manque de s’étrangler. «Mais je suis né Français !» Né dans un village de Casamance en 1934, issu de l’ethnie Diola, Demba Sonko sera incorporé dans l’armée française à l’âge de 20 ans.

Formé au Sénégal, il s’embarque en 1956 pour l’Algérie : «Une opération de maintien de l’ordre, on ne disait pas que c’était une guerre à l’époque.» 
Incorporé au sein du 13e RTS (régiment de tirailleurs sénégalais), il effectuera son temps «planqué au bureau du trésor, à Alger ! Mais d’autres en ont vraiment bavé là-bas.»


En 1960, il revient au Sénégal, l’indépendance du pays est en marche et il est versé dans l’armée nationale.

Quarante-cinq ans plus tard, M.Sonko rejoint la France. A Salon-de-Provence d’abord, ou un de ses frères s’est installé, puis à Bondy où il a pu retrouver des anciens du 13e RTS.

Une vie quasi monacale dans une petite chambre d'environ 8m² avec, comme seuls horizons, le marché de Bondy ou celui de Noisy-le-Sec. Mais avec à la clé la santé, une pension décente et aussi, disent-ils, très peu de considération.
Notamment lorsqu'ils doivent renouveler leurs titres de séjours à la préfecture de Seine-Saint-Denis.


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