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Somalie, le pays où meurt la presse

Le fait divers fait froid dans le dos. Un journaliste de la télévision somalienne a été assassiné, tué par l’explosion d’une bombe placée dans sa voiture. C’est le cinquième journaliste assassiné en 2017 en Somalie, faisant du pays l’un des plus dangereux au monde pour la profession.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le 21 juin 2014, un autre journaliste, Yusuf Keynan, était tué dans l'explosion de sa voiture. (AFP)

Etre journaliste en Somalie, c’est être, pour reprendre le titre d’un rapport de Human Rights Watch, «comme un poisson en eau trouble». Depuis des années, la profession paye un lourd tribut: 45 journalistes ont été tués depuis 2009 et on ne compte plus les menaces et les détentions arbitraires.

«Les journalistes sont pris entre deux feux», rappelle Reporters sans Frontières (RSF). Menacés tant par les islamistes fondamentalistes d'Al-Shabab que par le gouvernement. Ainsi, aux attentats des shebabs répondent les arrestations ou les fermetures des médias, décidées par le pouvoir.
 
Mohamed Ibrahim Gabow était journaliste à Kaisan TV. Il avait pris quelques jours de vacances pour rester avec sa famille. La bombe a explosé alors qu’il quittait en voiture son domicile. Selon la police, l’engin était attaché derrière le siège conducteur. «Ce meurtre n'a aucun sens», a regretté le président de l'Union des journalistes somaliens, Mohamed Ibrahim.


D’où peut venir son assassin? De tous les bords tant la profession est détestée. Un journaliste a survécu à une attaque à Mogadiscio en octobre 2014. Dans le témoignage qu’il a fourni à Human Rights Watch, il évoque l’attitude de la population. «J’ai entendu plusieurs voix dirent au tireur de mieux viser. Il est encore vivant disaient-elles.»

Une presse détestée car très souvent partiale et, bien sûr, au profit du pouvoir en place. Il est ainsi interdit à la presse de donner le point de vue du mouvement  Al-Shabab. Aussi pour ce dernier et ses partisans, les journalistes ne sont qu’un prolongement du pouvoir.
 
En 2015, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé à New York a placé la Somalie en tête des pays où le meurtre d’un journaliste ne donne lieu à aucune enquête. Le même comité a fait le décompte des victimes. Depuis 2014, dix journalistes ont été tués, dont quatre lors d’attaques apparemment ciblées, et six journalistes ont survécu à des tentatives d’assassinat.

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