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Report de la présidentielle en RDC : "Kabila devra assumer les conséquences de cette mascarade"

C’est le troisième rendez-vous manqué depuis 2016. La commission électorale nationale a annoncé officiellement le report de la présidentielle du 23 décembre 2018. La campagne électorale a été rattrapée par la violence. 80% "des machines à voter" sont parties en fumée.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Martin Fayulu, candidat de la coalition de l'opposition Lamuka. Il rejette tout report du scrutin. (THIERRY CHARLIER / AFP)

Le scrutin est reporté de sept jours. Il sera organisé le 30 décembre, a annoncé le président de la CENI, Corneille Nangaa dans une déclaration à la presse. La CENI invoque des retards dans le déploiement électoral, et l'incendie de son entrepôt il y a une semaine à Kinshasa, qui a porté "un grand coup" au procéssus électoral.

"Avis de tempête à Kinshasa"

Selon le quotidien belge La Libre Belgique, qui annonce "un avis de tempête à Kinshasa", le président de la commission électorale indépendante, Corneille Nangaa, en avait déjà informé certaines ambassades occidentales dès le 19 décembre, pour solliciter leur indulgence.

"Alors qu’il a snobé la main tendue de la communauté internationale pour l’organisation des élections au nom d’un nationalisme de mauvais aloi, il vient aujourd’hui quémander le soutien de ces mêmes parias d’hier pour un report du scrutin", écrit La Libre Afrique

La campagne électorale, violente et tendue, avait été suspendue par les autorités dans la capitale dès le 19 décembre. Celles-ci affirmaient que des extrémistes dans tous les camps politiques se préparaient à une confrontation de rue à Kinshasa.

Aucun report n’est justifiable, scande l’opposition

Empêché de battre campagne dans la capitale où l’attendaient ses supporters, l’opposant Martin Fayulu a répété le jeudi 20 décembre qu’il refusait tout report du scrutin. "Le président Kabila et celui de la CENI devront assumer toutes les conséquences de cette mascarade", martèlent l’opposant Martin Fayulu et ses alliés.

Plus de deux ans après l’expiration des délais constitutionnels, aucun report n’est justifiable, indique un communiqué signé par Martin Fayulu et ses deux puissants soutiens qui n’ont pas pu se présenter, l’ex-chef de guerre, Jean-Pierre Bemba, et l’ex-gouverneur du Katanga en exil, Moïse Katumbi,

Leur objectif est de rester au pouvoir, de continuer à voler et à tuer la population congolaise qui aspire au changement

Moïse Katumbi

à La Libre Afrique

La Libre Afrique rappelle que l’opposition, comme la société civile et les évêques congolais, ont toujours martelé qu’aucun report n’était envisageable plus de deux ans après les délais constitutionnellement prévus pour le départ de Joseph Kabila.

A Kinshasa, plus personne ne croyait à la tenue de ce scrutin le 23 décembre depuis qu’un incendie, sans doute d’origine criminelle, s’était déclaré dans un entrepôt de la commission électorale dans la capitale. Le feu avait brulé près de 80% de machines à voter.

La CPI tire la sonnette d'alarme

Depuis La Haye, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ne cache pas son inquiétude. Dans un communiqué, Mme Fatou Bensouda a mis en garde les autorités congolaises.

"L'expérience dans d'autres pays a démontré que lorsque les esprits s'égarent lors d'élections et que les personnes n'agissent pas avec retenue, cela peut donner lieu à des crimes à grande échelle relevant de la compétence de la CPI", avertit le procureur. Depuis le lancement de la campagne électorale le 22 novembre, au moins six personnes ont trouvé la mort. Dix, d'après l'ONG Association congolaise pour l'accès à la justice (Acaj) qui donne son propre bilan.

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