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Au Burkina Faso, le pouvoir semble dépassé par l’insécurité grandissante

Une nouvelle attaque contre un poste de gendarmerie dans le nord a fait une trentaine de morts

Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des gendarmes burkinabè patrouillent dans la ville d'Ouhigouya, dans le nord du pays, en octobre 2018. (ISSOUF SANOGO / AFP)

Le Burkina Faso est une fois encore en deuil après une nouvelle attaque jihadiste contre les forces de sécurité dans le nord du pays. Elle a fait au moins 28 morts parmi les gendarmes, censés protéger les civils. C’est l’une des plus meurtrières du genre depuis que le pays est confronté aux actions jihadistes qui ont débuté en 2015.

Que s’est-il passé ?

Les assaillants ont attaqué dimanche 14 novembre à l’aube la gendarmerie d’Inata, dans le nord du Burkina Faso, un poste regroupant une centaine d’hommes. Les assaillants venus en pick-up ou à motos ont ouvert le feu faisant une vingtaine de morts. Les gendarmes  "ont résisté et se sont battus avec bravoure", assure Maxime Koné, ministre de la Sécurité. Selon RFI, l’armée de l’air a été sollicitée pour reconquérir le site. Deux jours plus tôt, sept policiers avaient été tués dans une autre attaque dans cette même région. La multiplication des attaques meurtrières contre les forces de sécurité inquiète particulièrement les burkinabè, comme le souligne le journal Le pays.

"La douleur est vive et les burkinabè s’interrogent. Qu’est ce qui ne marche pas pour que nous continuions à subir d’aussi grandes pertes au sein de nos Forces de défense et de sécurité."

Le Pays, journal burkinabè

le 15 novembre 2021

Incompréhension et colère

Les Burkinabè ne comprennent pas pourquoi leur pays est si fragile face aux groupes jihadistes affiliés à l’organisation Etat islamique ou Al Qaïda. Depuis 2015, les attaques montent en puissance et visent à la fois civils et forces de sécurité qui semblent démunies. Manque de moyens ? Erreur de stratégies ? Les interrogations se multiplient et la colère gronde. L’opposition a récemment exigé des "mesures urgentes" face à la  "dégradation continue de la situation" et a même donné un ultimatum d’un mois au président Kaboré pour que les choses changent. 

"Une guerre sans merci" 

Le Burkina Faso est en proie aux violences depuis 2015 avec des attaques jihadistes récurrentes qui ont fait au moins 2000 morts et plus d'1,4 million de déplacés dans un pays qui compte près de 21 millions d’habitants. Le président Roch Marc Kaboré avait promis des résultats dans la lutte contre le terrorisme. Malgré d'importants efforts de formation et d'entraînement ces dernières années, les forces armées du Burkina Faso ne semblent toujours pas en mesure d’enrayer la spirale de la violence et de ramener la sécurité. Dans un message posté sur Twitter, le chef de l’Etat dénonce "une guerre sans merci"  imposée par "les forces du mal" et demandent aux burkinabè de rester soudés. Un message qui ne suffira sans doute pas à les rassurer.

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