Document franceinfo Niger : "Ce sentiment anti-français ou plutôt anti politique de la France est antérieur au coup d'État", affirme le correspondant de Radio France, agressé lors d'un reportage

Le journaliste qualifie son agression d'"évènement inopportun" et affirme qu'il est toujours possible de couvrir l'actualité au Niger. "Les autorités font des efforts."
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Stanislas Poyet, le correspondant de Radio France au Niger, le 23 août 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Stanislas Poyet, le correspondant de Radio France au Niger, a été agressé lors d'un reportage samedi 19 août, un peu plus de trois semaines après le coup d'État au Niger. "Ce sentiment anti-français, ou plutôt anti politique de la France, est antérieur au coup d'État", affirme mercredi 23 août sur franceinfo. Le journaliste a dû rentrer en France pour refaire le passeport qu'il s'est fait voler lors de son agression. Il estime qu'il est toujours possible de couvrir l'actualité au Niger, notamment grâce aux "canaux de discussion qui ont été mis en place avec les nouvelles autorités".

>> L'article à lire pour comprendre la crise que traverse le Niger après le coup d'État militaire

franceinfo : Pourquoi êtes-vous rentré en France ?

Stanislas Poyet : C'est un évènement inopportun qui m'est arrivé samedi dernier. J'ai été pris à partie par des jeunes qui étaient assez en colère de voir des journalistes français sur place. C'était pendant un reportage, notamment pour franceinfo. J'ai été pris à partie assez violemment. Ils m'ont volé mes affaires, notamment mon passeport, donc j'ai décidé de quitter le pays parce que je ne voulais pas rester sans papiers au Niger pour continuer à travailler. C'est la première fois que j'étais agressé physiquement. J'avais déjà dû être exfiltré par la Garde nationale pendant une manifestation, lorsque l'ambassade de France avait été attaquée au tout début de la crise. J'avais même dû quitter les lieux caché à l'arrière d'une ambulance pour ne pas me faire voir par les manifestants.

"Il y avait des moments très limités dans le temps et dans l'espace où la situation était plus électrique. Mais globalement, il faut garder à l'esprit que la vie à Niamey était assez calme."

Stanislas Poyet, correspondant de Radio France au Niger

à franceinfo

L'immense majorité des Nigériens est très courtoise avec les Français qui restent au Niger.

Est-ce que vous vous êtes senti en danger parce que vous étiez un journaliste français ?

Je ne me suis pas senti en danger, à part peut-être à ce moment là où j'ai été pris à partie physiquement. Globalement, on peut travailler au Niger. Les autorités font des efforts. Il y a des canaux de discussion qui ont été mis en place avec les nouvelles autorités, pour pouvoir continuer à travailler. Simplement, il y a un discours qui se répand, notamment sur les réseaux sociaux, très hostiles à l'endroit de la France, et les journalistes français peuvent en faire un peu les frais. Il faut faire très attention, notamment quand on se rend sur les lieux de rassemblement, parce que c'est instable et on peut tomber sur les mauvaises personnes.

Comment avez-vous vu évoluer ce sentiment anti-français au fil des semaines ? Est-il le résultat de la propagande des autorités militaires qui ont pris le pouvoir ?

Ce sentiment anti-français, ou plutôt anti politique de la France, est antérieur au coup d'État du 26 juillet, même si on ne voulait pas trop le voir parce que les autorités étaient pro-françaises. Moi je l'avais déjà remarqué en discutant avec les gens. Ils étaient assez hostiles. Je ne suis pas certain qu'il soit plus important aujourd'hui qu'au début. Il est alimenté évidemment sur les réseaux sociaux, par des destabilisateurs qui viennent d'autres pays, notamment la Russie, mais pas seulement.

Vous pensez retourner à Niamey un jour ?

J'espère. En tous cas, j'ai très envie. Ma femme y est toujours. C'est un pays que j'aime beaucoup. J'y suis arrivé, non pas pour le coup d'État, mais pour couvrir cette région et ce pays qui est merveilleux à beaucoup de points de vue. Il faut simplement que je refasse mes papiers. Dès que je les aurais, je serais à nouveau dans les rues de Niamey. Même dans cet épisode malheureux qui m'est arrivé samedi matin, il y avait des personnes pour me sortir de là. Il y a des personnes qui sont contre la présence française au Niger, mais qui sont absolument contre ces violences-là. Les Nigériens n'ont rien contre les Français.

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