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La mobilisation mondiale contre le sida

La 19e conférence internationale sur le Sida, qui s'est tenue du 23 au 27 juillet 2012 à Washington, poursuit ses objectifs pour vaincre la pandémie du VIH à moyen terme. Les actions entreprises pour élargir l’accès des malades aux traitements antirétroviraux dans les pays pauvres, et en Afrique en particulier, commencent à donner des résultats tangibles.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
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En 2012, environ 34 millions de personnes - dont 97% vivent dans les pays pauvres - sont contaminées par le virus du sida.

Selon le dernier rapport de l'Onusida, près de huit millions de personnes contaminées recevaient des traitements antirétroviraux fin 2011 dans les pays pauvres et notamment en Afrique subsaharienne, région la plus touchée.

Les chercheurs estiment que l'arsenal thérapeutique actuel permet d'envisager d'en finir avec l'épidémie, qui fait encore 1,5 million de morts chaque année. Cet espoir est renforcé par les récents résultats d'essais cliniques montrant que les antirétroviraux (ARV) réduisent fortement le risque d'infection des personnes séronégatives ayant des relations sexuelles risquées.


Vivre avec le VIH/sida


Seytreb, le 17 mars 2012

La conférence de Washington doit être l'occasion d'une mobilisation plus forte, surtout des politiques, pour élargir l'accès des malades aux traitements, en particulier en Afrique, mais aussi pour poursuivre et amplifier à l’échelle mondiale la recherche sur le VIH.

Dans un contexte de contraintes budgétaires des pays donateurs, les financements consacrés à la prévention et au traitement du sida représentaient 16,8 milliards de dollars en 2011, dont 8,2 milliards de dollars venant de bailleurs internationaux, parmi lesquels les Etats-Unis et la France. Ces Etats sont les principaux contributeurs financiers du Fonds mondial contre le sida.

Selon le professeur Françoise Barré-Sinoussi, co-lauréate du prix Nobel de médecine 2008 pour l'identification du VIH, avec les progrès scientifiques accomplis et un nouvel élan mondial pour mobiliser talents et ressources, guérir l'infection paraît possible.


Le laboratoire africain
Le coût du traitement de 15.000 dollars (12.000 euros) par personne et par an à la fin des années 90 s'est effondré, passant à 80 dollars (64 euros) pour le traitement de première ligne, permettant ainsi une action efficace contre la progression de la maladie dans le monde avec la perspective de pouvoir la vaincre.

En Afrique, fin 2011, plus de 6 millions de personnes étaient sous ARV, soit 56% de l'ensemble des Africains nécessitant un tel un traitement.

Un succès qui pourrait néanmoins être déstabilisé à l'avenir par une «triple dépendance» (financière, médicamenteuse et en matière de recherche) excessive vis-à-vis de l'aide extérieure, estime le directeur exécutif d'Onusida Michel Sidibé. Il propose la mise en place d’une agence africaine du médicament pour contrer notamment la dépendance du continent en terme d'ARV et pour créer des capacités de fabrication sur place.


L'exemple du Mozambique
Prémices à cette nouvelle étape internationale de la lutte anti-sida, la première usine publique de médicaments antirétroviraux d'Afrique, construite avec l'aide du Brésil, vient d’être inaugurée à Maputo, au Mozambique, un pays qui compte plus de 2,5 millions de séropositifs, près de 12% de la population, alors que seuls moins de 300.000 personnes ont accès au traitement par ARV.

La production de comprimés au Mozambique, qui doit débuter fin 2012, réduira la dépendance de l'ancienne colonie portugaise envers la communauté internationale, qui finance actuellement 80% de l'achat de médicaments dans le pays.


L'avancée sud-africaine
Autre progrès majeur sur le continent noir, l’Afrique du Sud qui compte le plus grand nombre de séropositifs au monde, avec quelque 5,6 millions de personnes infectées par le VIH sur une cinquantaine de millions d’habitants. Le pays applique le plus important programme de distribution d’antirétroviraux, qui concerne 1,3 million de personnes.

Son programme de prévention du sida de la mère à l'enfant a été efficace à 97,3% en 2011, si bien que 117.000 bébés ont pu naître séronégatifs l'an dernier. En fonction de la progression du virus dans l'organisme, la future maman reçoit des ARV pendant la grossesse et après la naissance, et parfois aussi une dose supplémentaire pendant l'accouchement.

Afin de répondre à l’objectif du gouvernement sud-africain de produire localement 80% des traitements antirétroviraux distribués dans le pays, le groupe pharmaceutique français Sanofi, qui possède sept usines dans six pays africains, a récemment rénové celle située au nord de Pretoria pour augmenter la production et a conclu un partenariat avec l'indien Hetero pour fabriquer des médicaments bon marché pour combattre le sida en Afrique du Sud.

Les grands groupes pharmaceutiques indiens fortement implantés sur le marché des ARV à prix réduits dans ce pays ont contribué à freiner les ravages du sida. Il utilisent l'Afrique du Sud comme tremplin pour le continent.

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