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Iles Chagos: Londres refuse le retour des habitants

Une nouvelle fois, Londres a rappelé son refus d’abandonner sa souveraineté sur l’archipel des Chagos dans l’océan Indien. C’est là qu’est installée la célèbre base militaire de Diego Garcia, louée aux Etats-Unis. Londres interdit également tout retour de la population sur place, refusant de refermer un dossier vieux de quarante ans.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
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Ile de peros banos (le bain des chiens), archipel des Chagos, le 10 avril 2006. Des habitants de l'île Diego Garcia évacués débarquent sur une autre île. (ALI SOOBYE / AFP)

«Le gouvernement s'est prononcé contre la réinstallation des Chagossiens sur le territoire britannique de l'océan Indien pour des raisons de faisabilité, d'intérêt en matière de défense et de sécurité, et de coût pour les contribuables britanniques», a déclaré le 16 novembre 2016 la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Joyce Anelay, devant le Parlement britannique.
 
Il s’agit d’un nouvel épisode du conflit qui, depuis 1970, oppose Londres aux descendants des habitants des îles Chagos soutenus par le gouvernement de l’île Maurice.
 
En 1965, le Royaume-Uni prépare l’indépendance de Maurice. Mais, percevant tout son intérêt stratégique, il conserve la souveraineté sur l’archipel des Chagos qui en dépendait. Il s’agit d’un groupe de 55 îles posé au nord de l’océan Indien. Une étape exceptionnelle située à égale distance des côtes indiennes, africaines et indonésiennes. Le 12 mars 1968, Maurice devient indépendante. Sur les Chagos, Londres a construit la base militaire de Diego Garcia louée aux Etats-Unis pour 50 ans, bail prolongé depuis jusqu’en 2036.
 
Parallèlement, entre 1968 et 1973, une vaste opération de déplacement de la population est engagée. Les militaires veulent leur tranquillité et 2.000 habitants sont envoyés vers Maurice. Dans un premier temps, les Chagossiens partis à Maurice en voyage ou pour des soins médicaux se voient interdire de rentrer chez eux. Le reste de la population est expulsé entre 1971 et 1973 et va  vivre dans des bidonvilles à Port-Louis, la capitale de Maurice. Quant à l’indemnité financière prévue, elle s’évapore dans divers projets mais jamais dans l’aide à l’installation des Chagossiens.

L'USS «Georgia», en escale à Diego Garcia, le 16 avril 2014. (US Navy)
 
Leurs descendants vivent à Maurice, aux Seychelles ou même en Grande-Bretagne. Au nombre de 5000, selon certains, 10.000 pour d’autres, ils demandent réparation. Tandis que la république de Maurice réclame le retour des Chagos dans son giron.
 
En 2000, la Haute cour de justice de Londres a donné raison aux Chagossiens. Elle a décrété que le dépeuplement de l’archipel avait été opéré en toute illégalité et en violation de la Charte des Nations Unies concernant la décolonisation. La Haute cour a même autorisé le retour des habitants sur certaines îles, à l’exception de Diego Garcia pour raison militaire. Une décision finalement cassée par l’instance suprême des Law lords.
 
Ainsi, le statu quo s’est installé. Londres, ce 16 novembre, réaffirme une nouvelle fois sa fermeté. Il n’y aura pas de retour des habitants, car trop coûteux ou militairement trop sensible. Le gouvernement mauricien n’a pas tardé à réagir. La décision «bafoue outrageusement les droits humains» des habitants des îles. «Le déni du droit des Mauriciens en général, et de ceux d'origine chagossienne en particulier, de s'installer dans l'archipel des Chagos constitue une violation manifeste du droit international.»
 
Diego Garcia, au cœur de l’océan Indien est un trop beau porte-avions naturel, pour être rendu à ses habitants.

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