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L'oasis marocaine d'Errachidia menacée par la surexploitation de l'eau

Nichée dans les montagnes du Haut Atlas, la vaste oasis d'Errachidia (sud-est du Maroc) est aujourd'hui menacée par l'exploitation irraisonnée des points d'eau qui lui donnent vie depuis des millénaires.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Vue de l'oasis d'Errachidia (AFP)

Anciennement appelée «Ksar Souk», la ville d'Errachidia (200.000 habitants), chef-lieu de la province du même nom, est une région connue pour la beauté de ses oasis, au milieu des montagnes arides et d'un désert qui s'étend jusqu'au Sahara occidental.

La répartition de l'eau dans l'immense oasis, aujourd'hui menacée d'assèchement, se faisait auparavant via «les khattaras», un système d'irrigation séculaire et géré par les habitants selon des rites berbères ancestraux. Ce système permettait de maintenir un débit d'eau régulier tout au long de l'année.

Mais à partir des années 70, l'utilisation de pompes par les agriculteurs a conduit à l'assèchement progressif de la nappe phréatique. Conséquence: aujourd'hui, nombre de champs, naguère régulièrement cultivés et verdoyants, ne sont plus que des terrains vagues abandonnés par les habitants de l'oasis.




AFP, le 19 juin 2012
 

«Les traces des champs... vous voyez comme ils sont grands. Regardez: un, deux, trois, quatre mètres de largeur. Ils sont grands, donc ça veut dire qu'il y avait beaucoup d'eau», s'indigne Lahcen Kabiri, professeur en géosciences de l'environnement à la faculté d'Errachidia. «Les agriculteurs ont peu à peu opté pour des puits individuels, qu'ils ont équipés de pompes à eau... des milliers de forages creusés. En quelques années, la nappe s'est vidée», poursuit-il en montrant un immense terrain entouré de quelques palmiers à moitié desséchés.

Selon l'universitaire, cette situation «pourrait évoluer vers une véritable catastrophe écologique compte tenu du rôle des oasis dans la lutte contre la désertification». «Si la nappe s'épuise, alors tout ce qui est en aval va être dans une situation dramatique», s'inquiète-t-il.

Habitants et autorités locales prennent de plus en plus conscience des menaces qui pèsent sur cette oasis, parmi les plus vastes du Maroc. Dans la petite palmeraie d'Izilf au coeur de l'oasis, quelques agriculteurs ont décidé de réagir en créant une coopérative pour gérer l'eau collectivement.

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