Paris "prend note" de l'expulsion de son ambassadeur au Mali, l'opposition politique dénonce une humiliation
Le ministère malien des Affaires étrangères a convoqué Joël Meyer, en poste depuis octobre 2018, et lui a "notifié la décision du gouvernement qui l'invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures".
La France "prend note" de l'expulsion de son ambassadeur au Mali, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères, lundi 31 janvier. Paris exprime aussi "sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark", dont le contingent arrivé dans le cadre de l'opération internationale antijihadiste Takuba vient d'être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako, "sur la base de motifs infondés". Le communiqué rappelle aussi la "solidarité" de Paris à l'égard de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dont le représentant au Mali a lui aussi été expulsé, ainsi que "son engagement en faveur de la stabilisation et du développement du Sahel".
La junte malienne a justifié sa décision d'expulser l'ambassadeur de France par les récentes déclarations jugées "hostiles" de responsables français à son encontre. Cet épisode marque un nouveau durcissement des tensions entre le Mali et la France, ancienne puissance coloniale engagée militairement contre les jihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n'ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 la tête de ce pays, plongé depuis 2012 dans une profonde crise sécuritaire et politique. Elles se sont encore envenimées en mai 2021, avec un nouveau putsch des mêmes colonels pour renforcer leur emprise.
L'opposition dénonce la politique de Macron
Plusieurs candidats à la présidentielle ont réagi à l'expulsion de l'ambassadeur de France au Mali. "La France a perdu une influence folle en Afrique", a affirmé la candidate RN à la présidentielle Marine Le Pen, sur Europe1. Selon elle, "il faut immédiatement renvoyer évidemment l'ambassadeur du Mali", "bloquer l'intégralité des avoirs des dirigeants maliens en France" ainsi que "l'aide au développement, à destination du Mali" et "l'intégralité des transferts de fonds financiers y compris individuels qui partent de France vers le Mali". Selon Eric Zemmour (Reconquête !), "nos soldats meurent pour un pays qui nous humilie ! Toute la politique africaine de la France est à repenser".
A droite, la candidate LR Valérie Pécresse a critiqué un manque d'anticipation de l'exécutif, estimant que "le renvoi de notre ambassadeur est une humiliation". Selon elle, la France doit rester "au Sahel pour protéger ce territoire de la menace islamiste qui peut déstabiliser totalement l'Afrique". A gauche, l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, depuis longtemps hostile à la présence de troupes françaises au Mali, considère qu'il "est temps pour la France de revenir au réel et de vider l'abcès avec le pouvoir malien actuel. Et que l'Assemblée nationale soit saisie et décide d'un plan d'actions", "avant que les sacrifices et nos morts au Mali n'aient été rendus vains, avant que la déchirure soit complète".
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