Gabon : "Une contagion inquiétante" après les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, s'alarme un spécialiste
"Les ingrédients classiques d'un coup d'État sont réunis" au Gabon, explique mercredi 30 août sur franceinfo Seidik Abba, président du Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel. Dans la matinée, un groupe d'une douzaine de militaires et policiers gabonais a annoncé mettre "fin au régime en place", alors que les résultats officiels de l'élection présidentielle venaient de consacrer la victoire du président Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans. "Les militaires ont pris le contrôle du palais présidentiel, ils ont décrété la fermeture des frontières terrestres et aériennes et ils ont dissous les institutions", rappelle Seidik Abba.
Pour Seidik Abba, "Ali Bongo a peut-être fait le mandat de trop. Il était diminué par un accident cardiovasculaire depuis plusieurs années, beaucoup ne le sentaient pas capable de conduire une campagne présidentielle", ajoute-t-il. Ce spécialiste considère par ailleurs que les restrictions mises en place par le pouvoir à la suite de l'élection présidentielle ont "ajouté de la tension" au sein du pays, notamment avec "la suspension d'internet et le couvre-feu". "L'opposition soupçonnait déjà le pouvoir de vouloir inverser le résultat de l'élection présidentielle", insiste le président du Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel.
Un régime "impopulaire"
Seidik Abba considère qu'il reste encore à "voir comment [les militaires] vont prendre le contrôle des autres leviers du pouvoir et s'il y a une résistance de la part d'une poignée de loyalistes". Pour l'heure il assure ne pas voir "beaucoup de Gabonais descendre dans la rue pour défendre ce régime" qu'il juge "impopulaire".
Cette tentative de putsch survient après les coups d'État au Mali, le Burkina Faso ou au Niger. "Il y a une contagion inquiétante", craint Seidik Abba. Le président du Centre international de réflexion et d'études sur le Sahel dénonce "une sorte de rouleau compresseur de la part des pouvoirs militaires". Il considère d'ailleurs que "c'est inquiétant pour la démocratie" mais que cela pose aussi la question de l'influence de la France en Afrique puisque ces putschs surviennent "dans des anciennes colonies françaises". "Le Gabon était un allié économique avec le pétrole" et si le pays "bascule, c'est un nouveau recul pour la France et son influence en Afrique", indique Seidik Abba. Il rappelle d'ailleurs qu'il "y a une présence permanente de près de 350 soldats français au Gabon".
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