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Le Botswana, eldorado du diamant, sait gérer ses revenus

Un diamant brut, gros comme une balle de tennis, a été découvert dans ce petit pays d'Afrique australe. La manne diamantaire explique la relative bonne santé économique du pays.

Article rédigé par franceinfo Afrique
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Diamants montrés lors d'une vente organisée par la firme sud-africaine De Beers à Gaborone, capitale du Botswana, le 24 novembre 2015. (REUTERS - SIPHIWE SIBEKO / X90069)

Caché sous une enveloppe de carbone noir originelle, un diamant gros comme une balle de tennis a été extrait de la mine Karowe, dans le centre du Botswana. Il a été baptisé Sewelo, ce qui signifie "découverte rare" dans la langue tswana. Pesant 1758 carats (environ 350 grammes), il s'impose comme le deuxième plus gros diamant brut au monde après le Cullinan et ses 3 160 carats, découvert en Afrique du Sud en 1905. Le Botswana est habitué aux records en la matière. On y a ainsi trouvé en 2015 une pierre de 1 109 carats, le Lesedi La Rona ("Notre Lumière" dans la langue locale). Deux ans plus tard, celle-ci a été vendue 53 millions de dollars, devenant ainsi le 2e diamant le plus cher de l'histoire. Sans parler de la découverte, en 2019, d'une rare pierre bleue, le Okavango Blue. D'une manière générale, le secteur diamantifère explique la relative bonne santé économique du pays.

En 2018, ledit secteur procurait près de 25% du PIB et 80% des exportations en moyenne du Botswana, 2e producteur au monde (15% de la production mondiale) après la Russie. Même si la production a baissé de 0,7% au 3e trimestre 2019, comme le note l'office de statistiques du pays.

Pays ultra pauvre à la fin de l'ère coloniale, le Botswana, lors de son indépendance en 1966, était alors juste considéré comme un réservoir de main d'œuvre pour son riche voisin, l'Afrique du Sud. Mais tout a changé avec la découverte d'importantes réserves de diamants. Résultat : "Le pays est considéré aujourd’hui comme le 'modèle de réussite' et de 'prospérité' en Afrique subsaharienne. Cette prospérité, le Botswana la doit à son sous-sol riche en diamants, qui a fait de lui jusqu’à encore récemment le premier producteur mondial de cette pierre précieuse", notait RFI en 2016.

"Au Botswana, alors que la part de l’agriculture dans l’économie dépassait 40% à l’indépendance, elle ne représente plus que 2,2% du PIB en moyenne sur la décennie 2000. L’élevage a joué (et continue de jouer) un rôle essentiel dans la compréhension des équilibres sociaux ; toutefois, il est devenu marginal dans la décomposition du PIB. L’activité minière est apparue après l’indépendance, avec la découverte successive de trois mines de diamants : Orapa en 1967, Jwaneng en 1973, Letlhakane en 1973... Selon Dunning (2005, 2008) (un économiste, NDLR), les exportations de diamants ont cru en moyenne de 30% par an en valeur entre 1974 et 1994", note l'économiste Arthur Silve

Une "bonne gestion de la rente diamantifère"

Cette richesse, le pays semble la maîtriser. "Si l'on regarde le partenariat entre le conglomérat De Beers et l'Etat botswanais, on se rend compte que le gouvernement reçoit 85% des revenus du diamant, et De Beers 15%. Cette relation entre le gouvernement et De Beers a été très bénéfique pour nous", selon Charles Siwawa, président de la Chambre des mines du Botswana, cité par La Tribune

Le "Lesedi La Rona", extrait en 2015 au Botswana, est le plus grand diamant (1109 carats) découvert en plus de 100 ans. Photo prise lors d'une vente de Sotheby's à Londres, le 14 juin 2016. (MATT DUNHAM/AP/SIPA / AP)
L'Etat a réussi à contrôler l'exploitation minière à travers un partenariat lucratif avec l'entreprise sud-africaine De Beers. La faible population (2,3 millions d'habitants) et une certaine cohésion sociale et politique ont permis au pays de bien gérer cette manne qui a pu ainsi profiter à une importante partie de la population. Le site du Trésor français évoque de son côté "une bonne gestion de la rente diamantifère", illustrée par la création en 1994 d’un fonds souverain, le Pula Fund. Objectif de ce fonds, "portefeuille de placements à long terme", "préserver une partie des revenus des exportations de diamants pour les générations futures".

Dans le même temps, le pays a l'Indice de développement humain (IDH) le plus élevé d'Afrique sudsaharienne.

Quelle diversification ?

Tout n'est cependant pas rose dans le pays, trop dépendant du diamant. "Sur le plan social, le pays souffre des mêmes maux que ses voisins : un niveau élevé de pauvreté (en dépit de progrès significatifs ces dernières années puisque 16,1% de la population vivait avec moins de 1,9 USD par jour en 2018 contre 18,2% en 2009), un taux de chômage élevé (environ 18% de la population active) et des inégalités parmi les plus importantes au monde – avec l’Afrique du Sud et la Namibie", selon la note du Trésor français cité plus haut.

La chute des cours de la pierre précieuse pèse sur l'économie nationale. Et aujourd'hui, le Botswana doit penser à la fin du diamant... prévu pour dans une quinzaine d'années. Les autorités du pays ont ainsi mis en place une politique visant à favoriser la diversification de l'activité vers des secteurs non miniers. Domaines prioritaires : l'agriculture, l'industrie, les nouvelles technologies, les services logistiques et financiers...

Autre défi, "mettre en place un environnement propice à l’investissement et au développement du secteur privé", estime le Trésor français. "En 2018, les autorités ont approuvé une législation clé visant à améliorer l'environnement des entreprises et annoncé leur intention de procéder à des privatisations, de rationaliser les activités des organismes parapublics et d'assouplir les restrictions relatives aux visas et aux permis de travail", rapporte de son côté le site expert-comptable-international.info.

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