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Amobé Mévégué : une inspiration africaine

Le journaliste et producteur audiovisuel camerounais est mort le 8 septembre 2021 à Paris à l'âge de 52 ans. 

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le journaliste et producteur audiovisuel Amobé Mévégué disparu le 8 septembre 2021.  (PHOTO FACEBOOK AMOBE MEVEGUE)

Le choc qui a suivi l'annonce le 8 septembre 2021 de la mort du journaliste camerounais Amobé Mévégué, 52 ans, à Paris où il vivait, est aussi grand que l'héritage intellectuel qu'il laisse derrière lui. Des ondes de RFI aux antennnes de France 24 (deux grands médias de l'audiovisuel extérieur français) et de TV5 (la chaîne francophone), en passant par la chaîne panafricaine qu'il avait créée, Ubiznews TV, Amobé Mévégué s'était fait le chantre d'un continent africain qui se développe aussi par le biais de son patrimoine culturel et intellectuel. Ses ambassadrices et ambassadeurs étaient les stars de ses programmes. La philosophie et les convictions de celui qui revendiquait haut et fort son "africanité" ont contribué à la popularité de l'animateur sur le continent africain d'où émanent une multitude d'hommages d'anonymes. 

"Il était nous", a écrit son jeune frère Essimi Mévégué, également journaliste, sur sa page Facebook en remerciant tous ceux qui ont manifesté leur soutien à sa famille et salué la mémoire de son célèbre aîné. "Un premier moment de recueuillement" autour de la dépouille d'Amobé Mévégué a été organisé par sa famille dans l'après-midi du 9 septembre. "Il a toujours milité pour que l’Afrique et sa diaspora soient unies dans le monde. C'était au cœur de tout ce qu’il a entrepris durant sa vie", poursuit Essimi Mévégué. L'un des derniers projets du producteur audiovisuel illustre son engagement dans ce sens : le Worldwide Afro Network (WAN), le réseau mondial des Afrodescendants dont le journaliste est à l'origine. 

Le réseau avait organisé un concert virtuel le 25 mai 2020 qui avait réuni artistes et personnalités du continent et de sa diaspora pour sensibiliser contre le Covid-19. Plusieurs autres évènements virtuels suivront dont un consacré à la danse africaine. Nous en avions fait écho sur franceinfo Afrique. Encore une fois, se réjouissait-il alors dans nos colonnes, "l'Afrique se réunit et parle d’une seule voix". Il rappelait également l'objectif du WAN, celui "de créer une nouvelle plateforme qui associe les industries créatives, les innovateurs et les leaders d’opinion pour offrir une nouvelle dynamique au continent" parce que, insistait Amobé Mévégué, "les industries créatives sont pourvoyeuses d’emplois et génératrices de devises".

Pour l'éclosion d'une nouvelle génération d'acteurs culturels africains

WAN avait ainsi pour ambition de "donner de la visibilité aux créateurs et de structurer un réseau avec des partenaires économiques". Notamment en faveur des plus jeunes qui ont  besoin d'être portés dans leurs différentes aventures culturelles. "C'est aussi une nouvelle génération que nous mettons en avant (…) et filière par filière, un réseau actif se met ainsi en place", détaillait Amobé Mévégué en juillet 2020. Dans cette perspective, le réseau a associé à sa démarche Afrochampions, une initiative rassemblant les capitaines d’industrie du continent africain.

Les jeunes, durant sa longue carrière audiovisuelle qui s'est aussi écrite sur MCM Africa ou France Ô, Amobé Mévégué en avait inspiré plus d'un, aussi bien professionnement qu'artistiquement. "C'était mon mentor", confie à franceinfo Afrique sa compatriote et productrice de cinéma Florence Elomo Akoa. "Son départ brutal est une perte incommensurable d'un point de vue humain et professionnel. Il était toujours disponible pour m'écouter, me conseiller et m'orienter". Le cinéma était l'une des premières amours d'Amobé Mévégué qui, d'après ses proches, préparait un film. 

L'hommage que lui a rendu Olivier Zegna Rata, le cofondateur du média panafricain Afrik.com et actuel délégué général du Syndicat des producteurs indépendants (SPI), traduit bien le sentiment de tous ceux qui l'ont connu. "Il n’est pas un journaliste africain, pas un musicien africain, pas un poète africain, pas un combattant de la culture et de l’esprit dans le monde, qui ne se soit senti un peu plus seul, un peu plus vieux, un peu perdu, ce jour, quand Amobé Mévégué a rendu l’âme." Interrogé sur la mort, Amobé Mévégué avait expliqué à son interlocuteur qu'il croyait à "la survivance de l'esprit". Le fait qu'il devienne une source d'inspiration semble en être la preuve.

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