Cet article date de plus de trois ans.

Africa 2020 : l'Institut des Cultures d'Islam présente l’exposition Zone Franche

Article rédigé par franceinfo Afrique
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min

Le lieu devient pendant plusieurs mois le quartier général Paris-Goutte d’Or de la saison Africa2020. La programmation pluridisciplinaire de ce centre culturel panafricain temporaire propose une cinquantaine d’événements mettant à l’honneur les artistes du continent et leur regard sur le monde.

Dans le cadre de la Saison Africa2020, l'Institut des Cultures d'Islam (France), en partenariat avec Think Tanger (Maroc) et Doual'art (Cameroun), présentent Zone Franche, "une aventure collective, animée par un même désir d’interagir avec les écosystèmes urbains qui les ont vus naître". A partir des témoignages d’une centaine de créateurs, d’acteurs et d’experts locaux, ces trois structures culturelles et artistiques ont co-créé cette manifestation "prenant la forme d’un espace poétique et symbolique autonome".

Le titre de l’exposition Zone Franche a été choisi "lorsque nous avons pris conscience des enclaves économiques et commerciales qui façonnent chacun de ces territoires : la Goutte d’Or, enceinte de migrants et de marchandises venant d’Afrique et d’ailleurs ; Tanger et Douala, citadelles portuaires pourvoyeuses du monde entier avec leurs productions hors sol. (…) La Zone Franche, telle que portée par nos trois centres d'art contemporain, se veut avant tout un contre-pied de l’exclusion inhérente au concept économico-juridique", explique Princesse Marilyn Douala Manga Bell, co-commissaire et présidente de Doual'art.

"La sélection des artistes a été pensée comme un ensemble de récits et de points de vue alternatifs qui participent à l’exploration de cette Zone Franche", précise Hicham Bouzid et Amina Mourid, les co-commissaires et directeurs artistiques de Think Tanger.

"A rebours de l’enclave qu’elle désigne habituellement, cette Zone Franche explore le mouvement des voyageurs, des marchandises et des imaginaires par-delà les limites matérielles ou invisibles", déclare pour sa part Bérénice Saliou, également co-commissaire et directrice artistique de l’Institut des Cultures d’Islam (ICI).

Photographies, installations, peintures, vidéos, jeux… forment le parcours de cette manifestation divisée en trois axes : Ce(ux) qui traverse(nt) les frontières ; Dans les interstices de la mondialisation et Connexions immatérielles.

En raison du Covid, l’exposition visible jusqu’au 1er août 2021 est temporairement fermée, mais accessible en ligne.

11 œuvres illustrent ce propos.

La première étape du parcours de Zone Franche est imaginée par le plasticien sénégalais Mansour Ciss qui propose une utopie artistique. En pénétrant dans l’exposition, le visiteur peut changer ses euros contre des Afros, une monnaie fictive présentée comme une alternative au franc CFA. Si dans le cadre de l’exposition, elle permet l’achat du catalogue ou de boire une consommation au sein de l’ICI, elle invite avant tout les visiteurs à se questionner sur les systèmes hérités du colonialisme, à une réflexion sur le développement et l’unification économique, politique et culturelle du continent.     (MANSOUR CISS (PHOTO MARC DOMAGE))
Fragments d’atlas, cartes postales, billets de banque, pochettes d’albums, timbres, drapeaux et images diverses issues de documents d’archive ou de livres historiques s’articulent dans "Figures", créations de Malala Andrialavidrazana. L’artiste malgache interroge l’héritage visuel de l’époque coloniale et son impact sur notre perception du monde. Elle sonde les liens entre identité culturelle et l’Histoire, la façon dont elle s’écrit et se transmet.     (MALALA ANDRIALAVIDRAZANA)
Après la série "Paper Borders" qui soulignait le caractère arbitraire de l’outil cartographique et renvoyait à la fragilité du papier sur lequel sont tracées des limites infranchissables, la série "Concrete Borders" dénonce les murs érigés en différents points du globe pour séparer artificiellement les territoires et les personnes. L’artiste marocaine Fatiha Zemmouri veut avec ces cartographies sculpturales en métal froissé, jetées au sol, effacer les mers et les frontières pour esquisser de nouvelles possibilités géographiques et géopolitiques, offrir une lecture différente des contraintes liées aux frontières.      (FATIHA ZEMMOURI (PHOTO MARC DOMAGE))
Avec sa série de portraits hyperréalistes d’ouvriers du BTP "#Surface Technician", le peintre Jean-David Nkot fait le parallèle entre migrations contemporaines et développement urbain pour repenser la notion de progrès. En arrière-plan, l’artiste camerounais a cartographié des territoires imaginaires découpés selon des chefs-lieux portant les noms d’entreprises occidentales comme Vinci, Eiffage ou Spie, dénonçant ainsi la domination qu’elles exercent sur le continent africain.      (JEAN-DAVID NKOT)
Saïdou Dicko rend hommage aux peuples nomades du Sahel en nous interpellant sur la disparition des modes de vie traditionnels des Peuls confrontés à l’exode rural. Né au Burkina Faso, cet artiste autodidacte est devenu berger dans le nord du Sahel dès l’âge de quatre ans et a appris à dessiner en reproduisant les ombres de son bétail sur le sol. Avec cette série d’aquarelles, il illustre l’adaptation des méthodes utilisées pour le transport et la conservation de l’eau dans les zones désertiques.      (SAÏDOU DICKO)
Le docu-fiction "Bab Sebta" ("La Porte de Ceuta") de la réalisatrice marocaine Randa Maroufi est une vidéo expérimentale, librement inspirée de la tension ressentie à la frontière de Ceuta. Cette enclave espagnole sur le sol marocain est depuis l’indépendance du royaume le théâtre d’un trafic de biens manufacturés qui, transportés à pied d’un côté à l’autre de la frontière, sont exemptés de taxes et vendus au rabais dans les villes du nord du Maroc. Ce film nous invite à effleurer un instant l’étrange réalité de ce lieu et à mettre en lumière la résilience des femmes qui transportent entre les deux pays d’énormes ballots de ces produits de contrebande.    (RANDA MAROUFI)
Le photographe marocain Hicham Gardaf met en évidence l’important phénomène de constructions spontanées d’habitats plus ou moins précaires. Il veut ainsi archiver l’urbanisation à marche forcée de la ville de Tanger et plus particulièrement les mutations des zones périurbaines.    (HICHAM GARDAF)
Dans la peinture grand format d’un jeu de l’oie composé de containers, l’artiste marocaine Mariam Abouzid Souali, interroge les intérêts étrangers sur le continent africain, entre l’exploitation de ses ressources par de grands groupes européens héritiers d’un passé colonial et l’inondation des commerces par des produits d’importation chinoise. Au sein d’une économie mondialisée, où les parts de marchés valent plus que les vies humaines, quand c’est gratuit, c’est qui le produit ?    (MARIAM ABOUZID SOUALI)
En quête de ses origines, Smaïl Kanouté, qui se décrit comme "Malien à Paris et Français au Mali", a dressé une constellation généalogique de son village familial, pour "retransmettre une mémoire de façon graphique". Il jette ainsi, grâce à ses dessins et de petites vidéos tournées au village, des ponts avec ceux qui sont partis et ont fait leur vie en France.    (SMAÏL KANOUTE)
Avec cette installation immersive produite pour l’exposition, Chourouk Hriech invite le spectateur à la flânerie dans un paysage graphique, entre perspectives architecturales et interprétations poétiques. Les ports de Tanger et Douala se mêlent au ciel de Paris, vision utopique reprenant le concept même de l’exposition Zone Franche : un espace commun, délivré des frontières matérielles et immatérielles. Les oiseaux, délicats bibelots chinés ici et là, renforcent ce concept par la liberté de déplacement qu’ils incarnent.        (CHOUROUK HRIECH)
L’installation de Salifou Lindou témoigne de l’adaptation des fidèles aux réalités locales pour pratiquer leurs rituels religieux. Les visiteurs sont invités à déambuler sur des nattes colorées disposées au sol, entre des bouilloires suspendues au plafond diffusant des chants traditionnels de pays musulmans d’Afrique. Ces objets en plastique, résistants et peu onéreux, sont très répandus sur le continent. L’artiste camerounais souligne ainsi la façon dont ces objets circulent entre les usagers, les pays et les contextes : souvent produits en Chine, on les trouve dans les mosquées du Sahel, les échoppes de la Goutte d’Or et jusqu’aux magasins design du Marais.      (SALIFOU LINDOU)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.