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Abidjan, capitale de l'arnaque en ligne francophone

On les appelle les "brouteurs" ou encore  les "arnacœurs". La Côte d’Ivoire est devenue la spécialiste des arnaques sur internet. La méthode consiste notamment à piéger sur internet des hommes en mal d’amour. Au bout de tout cela, il y a des sommes d’argent, souvent colossales, extorquées, et parfois, un cœur brisé !

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un cybercafé à Abidjan. La cybercriminalité apprécie ces lieux qui assurent l'anonymat. (ISSOUF SANOGO / AFP)

"Escrocs de l’amour en ligne" dit d’eux TV5 Monde, qui leur a consacré un magazine. Dans le monde des "arnacœurs", on parle de "love tchat". Badinage coquin qui débouche sur des actes de "sextorsion", en enregistrant des vidéos compromettantes, puis en faisant chanter la victime. "Ils peuvent entretenir des correspondances pendant des semaines et des mois, sans rien demander, pour mettre leur interlocuteur en confiance et faire naître des sentiments", explique le consulat de France à Abidjan, qui y consacre une page sur son site internet.

"Brouteur", le nom vient du nouchi, l'argot ivoirien. Fait-il référence au mouton qui se nourrit sans effort ? C'est en tous cas le terme générique pour tous les escrocs de l'internet. 

Et il n'y a pas que l'amour au programme ! L’arnaque à l’héritage est l'autre spécialité ivoirienne. Pour décrocher un joli pactole lié à une succession, bien sûr imaginaire, la victime doit avancer des frais et… se faire plumer.

Ces arnaques pullulent et remontent régulièrement dans les boîtes de messagerie. Contrairement à l’hameçonnage, elles ne nécessitent pas une grande pratique de l’informatique pour détourner des données. Ici, on pratique à l’ancienne, pourrait-on dire, dans la persuasion et l’embrouille, entre faux profil, faux papiers et vrais photomontages.

Dans les cybercafés

Le business est né au Nigeria (anglophone), qui a étendu sa technique d’escroquerie à la Côte d’Ivoire francophone, et c’est ainsi que les demandes d’aide à blanchir de l’argent ont atteint la France. Le tout est favorisé par l’usage très particulier de l’internet. Dans ce pays africain, le prix de l’abonnement est élevé et peu de gens bénéficient d’une connexion à domicile. Alors, les cybercafés se sont développés. Favorisant l’anonymat, ils sont propices aux arnaques.

Le milieu a ses héros, à l’instar de ce "commissaire 5500", Ivoirien qui, du haut de ses 22 ans, flambait en boîte de nuit en sortant les liasses de billets. Des Robins des bois des temps modernes, plutôt appréciés localement pour leur générosité et leur activité qui consiste à gruger des Blancs. Si ces filouteries font moins la une des médias, elles sont pour autant toujours aussi nombreuses.

Série télé

Mais explique Côte d’Ivoire news, "si au départ les brouteurs privilégiaient des victimes européennes, en l’occurrence les Français, de nos jours, ils s’attaquent désormais à des Ivoiriens". En tout cas, ce phénomène des "brouteurs" est tellement connu qu’une série télévisée lui est consacrée, diffusée sur la télévision ivoirienne et TV5 Monde.

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