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Centrafrique : la droite indécise sur la prolongation de l'opération Sangaris

Les députés UMP n'ont pas défini de consigne de vote. Plusieurs d'entre eux appellent à voter contre, mais certains soutiennent l'opération militaire française.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des soldats français patrouillent dans Bangui (Centrafrique), le 18 février 2014. (FRED DUFOUR / AFP)

La France doit-elle rester en Centrafrique ? C'est sur ce point que les députés doivent se prononcer, mardi 25 février, lors d'un vote sur la prolongation de l'opération Sangaris. Or, sur le terrain, la situation s'aggrave, compliquant la mission des quelque 2 000 militaires français partis à Bangui. La mort accidentelle dimanche d'un troisième soldat français n'a fait que rappeler les difficultés.

Dans ce contexte, si les députés socialistes devraient voter pour, les communistes devraient eux s'abstenir et les centristes de l'UDI s'orientent vers "un soutien avec réserve" de la prolongation. Les élus UMP se montrent quant à eux très indécis. Explications.

Pierre Lellouche évoque une mission mal engagée 

Plusieurs élus UMP reprochent d'abord à l'exécutif d'avoir engagé la France dans une affaire "à haut risque" sans forcément en mesurer les conséquences. C'est l'avis du député UMP de Paris Pierre Lellouche. "L'opération est mal engagée depuis le début", juge-t-il sur BFMTV, évoquant une intervention "improvisée, sur la base de renseignements militaires défaillants".

"On a sous-estimé le degré de violence, de surarmement, il y a des armes partout à Bangui, on vend des grenades chinoises à moins de 35 centimes d'euros sur les marchés", estime encore Pierre Lellouche, s'inquiétant d'une "haine anti-France, des deux côtés, qui est problématique". "Nos soldats sont dans une situation impossible", conclut-il.

Vote : indécis. L'ancien ministre se dit donc "tenté de voter contre le maintien de nos forces". "Ce qui peut me faire changer d'avis, c'est que le gouvernement déclare solennellement (...) qu'il y a une date de retrait", fait savoir Pierre Lellouche, dont l'incertitude en dit long sur la position de la droite. 

Bruno Le Maire juge la France isolée 

Dans une tribune au Monde, Bruno Le Maire estime, lui, que la France reste la seule réellement présente sur le terrain. "Nous avons engagé les opérations seuls, sans le soutien de nos partenaires européens et américains. La résolution des Nations unies est claire : la France est le seul Etat explicitement mentionné pour une intervention en Centrafrique", rappelle ainsi le député UMP de l'Eure.

"Faute de déploiement des grandes nations européennes, la future force européenne risque de se composer pour l'essentiel de troupes françaises", prévient-il encore. Pour lui, la France ne peut donc "porter seule les responsabilités militaires sur le continent"

Vote : contre. "Je veux sortir des ambiguïtés qui ont conduit à donner à la France sur place un rôle qui ne lui appartient pas", fait savoir Bruno Le Maire, qui votera donc contre la prolongation de l'opération Sangaris.

Yves Fromion s'inquiète de l'enlisement

"On est entré dans un nouveau scénario qui va durer, celui d’une opération de police visant à stopper les massacres commis par les anti-balaka", estime pour sa part le député UMP Axel Poniatowski, cité par Libération (article payant).

La situation inquiète aussi Yves Fromion, de retour de Bangui. Dans une note adressée au groupe UMP, il évoque les difficultés sur le terrain. "La France venait là pour rejouer le scénario de Serval [l'opération militaire au Mali] et elle doit faire face à un Kosovo africain. Sangaris n'était pas du tout formaté pour ça", écrit le député qui estime toutefois qu'un vote contre serait "déraisonnable".

Vote : abstention. Dans sa note, Yves Fromion demande ainsi des "assurances nécessaires" au gouvernement, notamment sur la situation précise, pour décider d'un "soutien conditionnel" ou d'une "abstention positive".

Eric Woerth estime que la France doit rester

Reste que, pour Eric Woerth, "rien n'a été réglé" en Centrafrique. "Le pays est toujours à feu et à sang", a-t-il déclaré sur i-Télé"On a évité un bain de sang, un massacre", mais "il n'y a pas d'Etat, aucun Etat : pas de justice, pas de police, pas d'école, plus rien". 

Vote : pour. Pour le député-maire UMP de Chantilly, le choix est donc facile. "On ne peut pas faire autrement. Evidemment qu'il faut prolonger le mandat des militaires", fait savoir l'ancien ministre du Budget.

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