Bouteflika candidat : en Algérie la presse se déchaîne
Ils sont douze, dont le président sortant Abdelaziz Bouteflika, à avoir déposé leur candidature auprès du Conseil constitutionnel, le mardi 4 mars à minuit, pour la présidentielle du 17 avril en Algérie. La présence d’un Abdelaziz Bouteflika physiquement diminué a provoqué la critique de nombreux médias algériens. L’occasion de découvrir une presse au ton très libre.
Le dessin d'un des caricaturistes d'El Watan, Le Hic, que nous avons choisi pour illustrer cet article le montre. Une certaine presse algérienne est libre et cela se voit. Pour le journal francophone El Watan, la quatrième candidature d'un Abdelaziz Bouteflika à la santé plus que chancelante est visiblement celle de trop.
Le quotidien algérien francophone a décrit l’apparition d’Abdelaziz Bouteflika au Conseil constitutionnel pour officialiser sa candidature : «La mise en scène est pathétique. Contraint de se rendre au Conseil constitutionnel pour déposer lui-même son dossier de candidature, Abdelaziz Bouteflika est apparu, avant-hier, extrêmement affaibli. La courte séquence diffusée par la Télévision nationale apporte une autre éclatante démonstration de la fragilité physique du président-candidat. D’une voix éteinte, Bouteflika arrivait péniblement à s’exprimer lorsqu’il faisait acte de candidature à un quatrième mandat.»
Et l’éditorialiste Hacen Ouali d’ajouter : «Plus que jamais, sa capacité à gouverner le pays pour un autre quinquennat est sérieusement mise en cause.» Une liberté de ton que l’on ne trouve pas dans de nombreux pays…
El Watan ne se contente pas de textes, ses deux caricaturistes, Le Hic et Maz, n’hésitent pas à croquer un président finissant dans une Algérie en crise de régime. Tout comme La Liberté avec son dessinateur vedette, Dilem.
Tous les médias n'affichent pas forcément ce ton critique. Mais El Watan n'est pas le seul à s'interroger négativement sur la candidature Bouteflika, président âgé de 77 ans et en poste au sommet de l'Etat depuis 1999.
Ainsi,Le Soir d'Algerécrivait : «Si les images du Président Bouteflika du 3 mars sont destinées à rassurer, on peut dire que le résultat est exactement à l’opposé de cet objectif.
Primo : la télévision a filmé tous les candidats en train de monter les marches du Conseil constitutionnel. Le Président Bouteflika est montré assis, sans aucune séquence filmée à l’entrée de l’édifice. Conclusion ou confirmation de ce que l’on savait déjà : il ne marche pas.
Secundo : pour la première fois depuis des mois, nous avons entendu la voix de M.Bouteflika. On devine que, là aussi, ceux qui ont décidé d’ouvrir le micro voulaient certainement rassurer. Eh bien, ils sont servis ! La voix inaudible, caverneuse, hachée, pénible à écouter, fait déjà le tour de la Toile.»
Et la conclusion est encore plus féroce : «Finalement, et paradoxalement, nous qui demandons à cet homme de partir dans la dignité, pour un repos bien mérité, nous serions tentés de croire que nous l’aimons plus que cette faune d’affairistes qui l'encense et le pousse à rester au pouvoir.»
Une virulence à mettre en rapport avec le ton très neutre de la télévision algérienne montrant le passage du président Bouteflika au Conseil constitutionnel. Sans parler de ceux qui évoquent un montage à propos de ces images (voir aussi cette explication).
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