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Algérie: des cyber-policiers vont surveiller les candidats au bac

Brouilleurs, détecteurs de métaux, vidéosurveillance, cyber-policiers… En 2017, le baccalauréat algérien, dont les épreuves commencent le 11 juin, sera sous très haute surveillance. Mais pourquoi tout cet arsenal pour de simples lycéens? Pour éviter les catastrophes des années précédentes. Un problème encombrant de fraude qui, selon des experts, est le simple «reflet» de la société algérienne.
Article rédigé par Louise Bugier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran d'un tweet du site algérien Elgoual datant du 10 juillet 2016 (Capture d'écran d'un tweet de Elgoual)

«C’est une atteinte à la sécurité de l’Etat», avait dénoncé Abdelmalek Sellal, le Premier ministre algérien de l’époque, pour qualifier la fraude au baccalauréat 2016. Cette année-là, plus de 1000 candidats avaient été exclus pour fraude avec un téléphone portable. Des dizaines de professeurs et responsables avaient été arrêtés, soupçonnés d’avoir fait fuiter les sujets. Et pour éviter toute nouvelle fuite, les autorités avaient carrément bloqué l’accès au web dans tout le pays.

Sécurité maximale pour le bac 2017
La fraude avait alors immobilisé tout le pays et le blocage des réseaux avait déclenché une controverse inédite. Mais cette année, il n’en est plus question. «Nous avons pensé à tous les scénarii éventuels et pris les mesures nécessaires pour sécuriser l'examen du baccalauréat», a expliqué la ministre de l’Education nationale Nouria Benghebrit sur une chaîne de radio nationale.

Nouria Benghebrit, la ministre de l'Education nationale algérienne, le 8 février 2015, à Alger. (AFP PHOTO / STR  STR / AFP)

La Direction générale de la Sûreté nationale a précisé que des brouilleurs de télécommunications ainsi que des équipements de vidéosurveillance ont été installés dans les centres d’impression des sujets et que des «équipes spécialisées dans la lutte contre la cybercriminalité» se chargent de «suivre les activités des utilisateurs des réseaux sociaux» pour contrer les fuites des sujets potentielles.

Concernant le jour J, Mme Benghebrit a affirmé que les sites d’examens seront coupés d’internet, que les candidats passeront aux détecteurs d’objets électroniques, et que les 15.000 policiers qui assurent chaque année la sécurité des centres seront présents. Si jamais malgré toutes ces précautions les sujets fuitent, des sujets de réserve ont été préparés.


Un besoin de «moralisation» de la société en général?
Mais cette sécurisation à l’excès est-elle une solution crédible à long terme? Le «problème est sociétal», pour Meziane Meriane, enseignant et dirigeant syndical interviewé par l’AFP. Selon lui, la société algérienne actuelle est responsable car elle encourage «la réussite au moindre effort».
 
Idir Achour, professeur dans un lycée d’Alger, analyse la fraude comme «le reflet de la corruption qui existe dans la société algérienne». Une société gangrénée par les détournements de fonds, les pots-de-vin, la fraude électorale, le favoritisme et le clientélisme, selon des enseignants et des sociologues interrogés par l'AFP.
 
Le bac débute le 11 juin pour près d’une semaine d’épreuves, et rassemblera 760.000 candidats. Sous haute surveillance, près de 760.000 lycéens plancheront durant une semaine d’épreuves. Peut-être pour un jour inventer une nouvelle société algérienne.

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