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"L'humanisme n'a pas de carte politique", estime le stéphanois Gaël Perdriau, un des premiers maires de droite favorable à l'accueil d'Afghans dans sa ville

Gaël Perdriau affirme que ses motivations pour accueillir des Afghans dans sa ville "sont exactement les mêmes qui ont poussé la ville de Saint-Étienne à accueillir les Syriens en 2015".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des réfugiés afghans installés à l'intérieur d'un avion militaire américain, à l'aéroport militaire de Kaboul (Afghanistan), le 19 août 2021. (SHAKIB RAHMANI / AFP)

"L'humanisme n'a pas de carte de parti politique", estime jeudi 19 août sur franceinfo le maire LR de Saint-Étienne Gaël Perdriau. C'est un des premiers maires de droite favorable à l'accueil d'Afghans dans sa ville. "Dès lors qu'une femme, un homme ou un enfant risque sa vie dans son pays en raison de ses convictions, nous avons le devoir, nous la France, de leur tendre la main et de les accueillir." Gaël Perdriau estime toutefois que "la situation serait beaucoup plus claire si le président de la République avait tenu sa parole de faire en sorte que les demandeurs d'asile déboutés soient expulsés du territoire français". "La France gagnerait beaucoup à appliquer strictement les lois".

franceinfo : Vous êtes l'un des premiers maires de droite favorable à l'accueil d'Afghans dans votre ville. Qu'est-ce qui motive cette décision ?

Gaël Perdriau : Ce sont exactement les mêmes motivations qui ont poussé la ville de Saint-Étienne à accueillir les Syriens en 2015. Dès lors qu'une femme, un homme ou un enfant risque sa vie dans son pays en raison de ses convictions, nous avons le devoir, nous la France, de leur tendre la main et de les accueillir. C'est dans la déclaration des droits de l'Homme, c'est dans le préambule de notre constitution, ça fait partie des valeurs de notre pays et Saint-Étienne s'y inscrit pleinement. Nous l'avons fait en 2015 avec beaucoup d'accompagnement de la part des associations d'éducation populaire, l'Éducation nationale, les bailleurs sociaux. Il y a eu un vrai accompagnement humain de chacune de ces personnes qui a rejoint notre ville. Cela s'est fait avec un grand succès.

Combien de personnes Saint-Etienne est-elle en mesure d'accueillir ?

Nous avions accueilli environ une trentaine de Syriens en 2015 qui, après avoir pu se reconstruire, laissaient leur place à d'autres tous les six mois. Nous sommes en capacité d'accueillir le même nombre d'Afghans. En 2015 comme aujourd'hui, il y a eu une série d'encouragements de personnes fières que notre ville tende la main à des personnes qui risquent leurs vies dans leur pays, et puis il y a aussi un flot d'insultes… Ce que je peux vous dire, c'est que six ans après, notre ville de 175 000 habitants dans une métropole de 405 000 habitants n'a pas été bousculée dans son quotidien par cet accueil. Je crois au contraire que notre ville peut s'enorgueillir d'avoir complètement réussi sa mission avec des habitants syriens qui se sont parfaitement intégrés. Certains sont partis dans d'autres villes, d'autres sont retournés dans leur pays, et d'autres encore ont ouvert des commerces à Saint-Étienne.

Ne vous sentez-vous pas un peu seul dans votre famille politique, alors que certains élus de droite et d'extrême-droite s'inquiètent des conséquences migratoires et sécuritaires de l'arrivée des talibans ?

L'humanisme n'a pas de carte de parti politique. Je pense que la situation serait beaucoup plus claire pour tout le monde si le président de la République avait tenu sa parole prononcée en 2015 de faire en sorte que les demandeurs d'asile déboutés soient expulsés du territoire français. C'est ce qui crée aujourd'hui cette confusion et cet amalgame qui est nocif. 90% des personnes qui ne sont pas reconnues comme réfugiés malheureusement restent sur le territoire français. Elles n'ont pas de statut véritable, pas de droit au travail, pas de moyen pour survivre, ce qui crée du désordre. Je crois que la France gagnerait beaucoup à appliquer strictement les lois. À la fois celle de l'accueil des personnes qui sont des réfugiés, tel que le reconnait l'office de protection des réfugiés, et à la fois d'expulser dans leur pays d'origine ceux qui n'ont aucun droit d'être sur notre territoire.

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