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L'activité humaine a-t-elle joué un rôle dans le séisme qui a secoué la Drôme et l'Ardèche ?

Un tremblement de terre a touché les deux départements, le 11 novembre. Il est exceptionnel, à cet endroit, par sa magnitude et sa faible profondeur. La communauté scientifique s'interroge sur ses origines. Nous avons interrogé Bertrand Delouis, sismologue au laboratoire Géoazur. 

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dans la ville du Teil, en Ardèche, après le séisme du 11 novembre 2019. (MICHAEL ESDOURRUBAILH / MAXPPP)

Les secousses qui ont touché une vaste région, et particulièrement la ville du Teil (Ardèche), lundi 11 novembre, n'ont duré que quelques secondes. Mais elles ont blessé quatre personnes, dont une grièvement, et ont provoqué d'importants dégâts. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, s'est engagé à étudier rapidement la demande de catastrophe naturelle émise par la commune. 

Côté scientifiques, une cellule post-sismique a été dépêchée sur les lieux pour comprendre l'origine de ce séisme de magnitude 5,4 (selon le Bureau central sismologique français). Et si l'activité humaine avait joué un rôle dans ce tremblement de terre ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est une des pistes étudiées par les scientifiques. Franceinfo a interrogé Bertrand Delouis, sismologue au sein du laboratoire Géoazur et responsable de l'équipe pluridisciplinaire (IRSN, CNRS, ISTerre, Géoazur...) chargée de l'enquête. 

Franceinfo : Que sait-on aujourd'hui du séisme survenu le 11 novembre ?

Bertrand Delouis : Le tremblement de terre de magnitude estimée autour de 5 sur l'échelle de Richter, qui a secoué les départements de l'Ardèche et de la Drôme, reste exceptionnel pour la région. Exceptionnel de par sa taille relativement importante au regard de la profondeur si faible du foyer, entre 1 et 3 km sous terre. Habituellement, nous sommes entre 5 et 20 km de profondeur.

Autre fait extraordinaire, c'est que nous pouvons observer des ruptures cosismiques, c'est-à-dire des marques en surface, ce qui est rare pour une magnitude si modérée. C'est une des premières fois en France que l'on peut observer cette cassure de surface. 

Ce qui nous permet d'étudier rapidement ce séisme, c'est qu'il a eu lieu sur une zone géologique qui est déjà cartographiée et qui possède des stations sismologiques. Là où nous sommes surpris, c'est qu'il a dépassé nos prévisions.

Mais même si ses caractéristiques particulières sont peu courantes, elles sont scientifiquement connues.

Bertrand Delouis

à franceinfo

Est-ce qu'une activité humaine pourrait avoir joué un rôle dans ce séisme ?

Nous avons observé qu'une carrière se situait juste au-dessus de la zone qui a rompu pendant le tremblement. L'excavation de calcaire dû à l'activité de cette carrière exploitée par le cimentier Lafarge a pu jouer un rôle. Des questions se posent : est-ce que l'utilisation de la dynamite pour extraire le calcaire a fragilisé le lieu ? Est-ce que les volumes extraits ont pu décharger la faille entraînant un mouvement de terrain ? Evidemment, nous nous devons d'étudier cette coïncidence, mais l'influence de la carrière semble modérée, et rien, pour l'instant, ne peut entièrement l'affirmer. 

D'autres pistes sont-elles évoquées ?

Toutes les pistes sont étudiées, sachant que la faille géologique suffit à expliquer ce séisme. La France n'est pas située sur une frontière de plaques qui glissent les unes sous les autres, mais nous subissons tout de même des mouvements de plaques. Et les chaînes de montagnes présentes dans la région perturbent l'écorce terrestre.

D'ici à une dizaine de jours, la cellule post-sismique communiquera officiellement ses conclusions sur les origines de ce séisme. 

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