Lien entre ouragans et réchauffement climatique ? La prudence de la communauté scientifique
Alors qu'Emmanuel Macron a estimé, mardi, devant l'ONU, que les ouragans qui frappent actuellement les Antilles sont corrélés au réchauffement climatique, les experts estiment que ce lien ne peut être complètement établi.
Emmanuel Macron a défendu une nouvelle fois l'accord de Paris sur le climat, mardi 19 septembre, devant l'assemblée générale des Nations Unies à New York malgré la décision du président américain, Donald Trump, de sortir de cet engagement international. En marge de son discours à la tribune, le président français a estimé que les ouragans qui frappent actuellement les Antilles sont clairement corrélés au réchauffement climatique. Pourtant, ce lien n'est pas encore complètement établi par la communauté scientifique.
Des bases de données insuffisantes
Aurait-on pu éviter les ouragans Irma ou Maria si nous n'avions pas réchauffé le climat avec nos gaz à effet de serre ? "Non, on ne peut pas le dire malheureusement, répond Fabrice Chauvin chercheur au centre de recherches météorologique de Météo France. Nous n'avons pas de bases de données observées suffisamment longues et homogènes."
Je pense qu'on ne pourra jamais dire qu'Irma a été provoqué par le réchauffement climatique.
Fabrice Chauvin, chercheur à Météo Franceà franceinfo
"Les modèles ne prévoient pas d'augmentation de cyclones à l'échelle globale, [ils] prévoiraient plutôt une légère diminution", poursuit le chercheur qui reconnaît tout de même qu'"on voit une tendance à ce que les cyclones intenses soient favorisés".
Un subtil cocktail
"Favorisé" parce qu'un ouragan violent est un subtil cocktail entre les vents, les pressions et une température plus chaude de la mer. Il est vrai qu'en ce moment, cette zone de l'Atlantique est un degré et demi plus chaude que ces 30 dernières années, mais cela n'est pas forcément à cause de nos activités.
"Il faut évaluer comment nos activités -le rejet de gaz à effet de serre en particulier- jouent sur la température de la mer, indique Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et vice-présidente du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Il y a aussi le phénomène El Niño ou la variabilité des courants de l'Océan atlantique. C'est important d'analyser cela et d'arriver à le comprendre."
À propos des canicules, les climatologues sont formels : nous en aurons plus avec le réchauffement climatique. En revanche, à propos des ouragans, la question est beaucoup plus complexe. Les experts du Giec ont prévu de nouvelles données sur le sujet dans leur prochain rapport en 2021.
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