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Fin annoncée de la production de pétrole en France : les opérateurs locaux font grise mine

Le gouvernement présente mercredi, en Conseil des ministres, son projet de loi hydrocarbures. Ce texte doit mettre fin à la recherche de pétrole et de gaz en France d’ici 2040. Les professionnels du secteur redoutent les conséquences de cette mesure.

Article rédigé par Anne-Laure Barral - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vermilion, premier producteur de pétrole en France, est présent dans les Landes et en Ile-de-France. Ci-contre, le site d'Andrezel, en Seine-et-Marne.  (ANNE-LAURE BARRAL - FRANCE INFO)

C’était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron et c'est aussi une conviction de son ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, pour le bien du climat. Le projet de loi sur "l'interdiction de l'exploitation des hydrocarbures" sur le territoire français à l'horizon 2040 est présenté en Conseil des ministres, mercredi 6 septembre, avec pour toile de fond l'accord de Paris sur le climat. Mais pour la dizaine d'entreprises qui possède encore des concessions dans l’Hexagone, la mesure passe mal.

C’est le cas chez la société canadienne Vermilion, premier producteur de pétrole en France. L’un de ses sites de production se trouve à Andrezel, en Seine-et-Marne. C’est ici, juste à côté des champs de betterave, qu’un puits en forme de tête de cheval fait son va-et-vient depuis une vingtaine d’années pour extraire du sol de l’eau, du gaz et du pétrole. Et il pourrait encore produire pendant "une quinzaine d’années", assure Thierry Oger, responsable Seine-et-Marne de Vermilion.

Et ce ne serait pas de trop, assure-t-il. Car, il en est convaincu, on aura encore longtemps besoin de pétrole en France : "On ne va pas arrêter de consommer du pétrole de façon aussi soudaine." Sa crainte alors, c’est que ce pétrole qu’on ne pourra pas produire en France, on aille le chercher à l’étranger. "En France, et particulièrement en Seine-et-Marne, tout est relié par canalisation. L’emprunte carbone est beaucoup plus faible que d’aller le chercher en Arabie saoudite ou en Amérique du sud", affirme-t-il.  

Des puits qui pourraient s'arrêter d'ici deux ans 

En tout, 200 personnes travaillent pour Vermilion en France. Pascal Saignat y est opérateur. Il a déjà senti les regards changer sur sa profession en 2011 avec la polémique sur les gaz de schiste. "J’ai vu beaucoup d’interrogations de la part de la population", dit-il, dénonçant un problème de communication sur le sujet.  Mais cette fois, c'est plus grave. Ce n’est pas qu’une technique que le gouvernement veut interdire, c’est toute recherche d’hydrocarbures.

Si le projet de loi demeure en l’état, notre activité va s’arrêter à partir de 2019. C’est inacceptable.

Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques de Vermilion

à franceinfo

Si le texte ne prévoit de couper complètement les vannes qu'à l’horizon 2040, Vermilion pourrait perdre plusieurs de ces concessions et permis de recherche bien avant. "Le projet de loi dit que les concessions ne seront pas renouvelées à leur échéance. Chez Vermilion, nos 26 concessions arrivent à des échéances déjà à partir de 2019 et 2021", souligne Jean-Pascal Simard, directeur des relations publiques de l’entreprise.

Même si elle ne pèse pas beaucoup dans l'économie française, l'entreprise rappelle qu'elle a investi un milliard d'euros ces 20 dernières années dans la recherche en France. Ses responsables comptent sur le débat parlementaire pour faire évoluer le projet de loi.  

Fin annoncée de la production d’hydrocarbures en France : l'industrie pétrolière locale fait grise mine. Le reportage d'Anne-Laure Barral.
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